Quelque 200 médecins et infirmières zimbabwéens ont manifesté lundi dans la capitale Harare pour exiger la remise en liberté immédiate d’un de leurs responsables syndicaux, qu’ils accusent les services de sécurité du gouvernement d’avoir enlevé.
Président du syndicat des médecins hospitaliers (ZHDA), le Dr Peter Magombeyi est porté disparu depuis samedi soir. Son organisation a accusé la sécurité d’Etat de l’avoir kidnappé pour son rôle dans une grève qui perturbe le secteur de la santé.
Lundi, des dizaines de ses confrères en blouse blanche ont défilé dans les rues de Harare aux cris de « Pas de Peter, pas de travail ».
Les médecins du secteur hospitalier du pays ont entamé une grève au début du mois pour exiger que leurs salaires, payés en devise locale, soient calculés en fonction de la valeur du dollar américain pour éviter la chute de leur pouvoir d’achat.
Le Zimbabwe est englué depuis près de vingt ans dans une crise économique vertigineuse, héritage du règne de l’ex-président Robert Mugabe, décédé la semaine dernière à 95 ans.
« Nous manifestons pour notre président », a déclaré lundi le vice-président de la ZDHA, le Dr Masimba Ndoro. « Mais le récupérer ne suffira pas à nous remettre au travail », a-t-il ajouté, « il faut une solution à notre problème de salaires ».
Depuis dimanche, société civile et syndicats accusent eux aussi le gouvernement d’avoir enlevé le Dr Magombeyi.
« Les citoyens ne peuvent pas vivre dans la peur d’être enlevés, simplement parce qu’ils défendent leurs droits », a renchéri sur Twitter le chef de l’opposition, Nelson Chamisa, qui a dénoncé des pratiques dignes d’une « république bananière ».
La police a annoncé avoir ouvert une enquête sur la « disparition » du médecin mais estimé que les accusations d’enlèvement relevaient d’une « volonté de ternir l’image du pays ».
Le porte-parole du gouvernement, Nick Mangwana, les a lui aussi niées lundi. « Le gouvernement n’a aucune raison de déstabiliser le pays en enlevant ses propres citoyens », a-t-il tweeté.
Les ONG dénoncent depuis des mois la répression exercée par le régime du président Emmerson Mnangagwa, qui a succédé à M. Mugabe fin 2017, contre la société civile et l’opposition.
En janvier, sa riposte aux émeutes contre la hausse des prix du carburant s’était soldée par au moins 17 morts, des centaines d’arrestation et des cas de torture, selon les ONG.