Le président tchadien Idriss Déby a révoqué le sultan Mahamat Ourada II, chef traditionnel influent de la province du Ouaddai (est du Tchad) confrontée à de cycliques violences intercommunautaires, a-t-on appris jeudi à N’Djamena.

« Mahamat Ourada II est révoqué de ses fonctions du sultan du Ouaddai », annonce un décret, daté de mercredi soir et signé par Idriss Deby, sans explication de cette décision.

La province du Ouaddai est perçue comme une zone hostile à Deby et proche de l’opposition démocratique tchadienne.

L’Est tchadien, zone de transhumance et région stratégique à la frontière avec le Soudan, est régulièrement en proie à des conflits entre agriculteurs et éleveurs pour les terres et pâturages.

A chaque éruption de violences, le même scénario ou presque se répète: un troupeau de dromadaires d’éleveurs nomades entre dans le champ d’un agriculteur local, provoquant une confrontation.

L’augmentation de la sécheresse dans la zone sahélienne et la croissance démographique accentuent ces tensions entre éleveurs zaghawas (ethnie de Deby) et agriculteurs locaux.

Le sultan du Ouaddai avait été suspendu en mai dernier par un arrêté du ministre de l’Administration du territoire, Mahamat Abali Salah, pour « laxisme avéré et complaisance à outrance dans la gestion des affaires du Sultanat, laissant ainsi s’instaurer un désordre total engendrant une confrontation meurtrière entre communautés ».

Mahamat Ourada II est né en 1971 dans la ville d’Abéché et a succédé à son père en avril 2004.

Le sultan n’était pas joignable par téléphone jeudi.

L’opposant Mahamat Ahmat Alabo, originaire du Ouaddai et secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (PLD) a accusé le régime du président Idriss Deby Itno en place depuis 29 ans de « vouloir mettre sous sa coupe tous les royaumes du Tchad en limogeant certains pour les remplacer par d’autres plus dociles et acquis aux causes du pouvoir ».

Le royaume du Ouaddai est l’une des plus grandes dynasties qu’a connue le Tchad avant de se réduire à une simple chefferie traditionnelle qui collabore avec les autorités centrales.