Sous le feu des critiques depuis plusieurs mois, Facebook a annoncé lundi renforcer sa lutte contre les contenus extrémistes sur Internet en créant, aux côtés d’autres géants technologiques comme Google et Twitter, une structure indépendante.
Depuis l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande en mars dernier, le premier réseau social au monde a multiplié les initiatives pour combattre les contenus « haineux et extrémistes ».
Facebook avait alors mis 17 minutes avant d’interrompre la vidéo diffusée en direct par un suprémaciste blanc, qui s’était filmé pendant qu’il attaquait deux mosquées, tuant 51 fidèles musulmans.
Après « l’appel de Christchurch pour passer à l’action » en mai, soutenu entre autres par la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern et par le président français Emmanuel Macron, Facebook et ses partenaires ont annoncé avoir mis sur pied une nouvelle organisation en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York.
Mme Ardern et la numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, se sont exprimées lundi soir pour officialiser le lancement de cette initiative.
Celle-ci prendra la suite d’un consortium, le Global Internet Forum to Counter Terrorism (GIFCT), créé en 2017 par Facebook, Microsoft, Twitter et Google (via YouTube). Le géant de Seattle Amazon ainsi que les plateformes LinkedIn (appartenant à Microsoft) et WhatsApp (Facebook) ont rejoint la structure remodelée.
« Nous essayons de créer un mécanisme du genre défense civile. De la même manière que nous réagissons aux urgences naturelles comme les incendies et les inondations, nous devons être prêts à réagir à une crise comme celle que nous avons vécue », a déclaré Mme Ardern à la presse.
Sheryl Sandberg, qui intervenait aux côtés de la responsable néo-zélandaise, a indiqué qu’après l’attentat de Christchurch Facebook avait supprimé 1,5 million de vues potentielles de la vidéo, dont 1,2 million avant qu’elles n’aient été visionnées par qui que ce soit.
« Ce fossé entre 1,2 million et 1,5 million, c’est là que nous reconnaissons que nous devons faire mieux », a dit la numéro deux de Facebook.
« Nous ne pouvons attendre qu’un moment comme celui-là se reproduise », a poursuivi Mme Sandberg. « Nous devons faire le travail difficile maintenant, pour établir les systèmes et les protocoles et les coopérations » nécessaires entre pays et entre compagnies, a-t-elle dit.
La nouvelle mouture aura pour vocation de « déjouer les tentatives de plus en plus sophistiquées des terroristes et des extrémistes violents pour se servir des plateformes numériques ».
La structure bénéficiera d’un personnel indépendant et d’un directeur exécutif, dont le nom n’a pas été dévoilé. Des acteurs non-gouvernementaux dirigeront quant à eux un comité consultatif.
Les gouvernements des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni, du Canada, de la Nouvelle-Zélande et du Japon auront également un rôle de consultation, tout comme des experts de l’ONU et de l’Union européenne.
– Travail avec la police –
Mardi dernier, Facebook a annoncé avoir fait appel à la police de part et d’autre de l’Atlantique pour éduquer ses outils d’intelligence artificielle, afin d’arrêter les retransmissions vidéos d’attaques extrémistes en direct sur sa plateforme.
La police de Londres apportera son concours à partir du mois d’octobre pour permettre au réseau social de mieux entraîner ses outils d’intelligence artificielle à détecter rapidement ces contenus et les supprimer.
Après avoir mis beaucoup de moyens pour combattre l’utilisation de son réseau par des organisations comme le groupe Etat islamique, Facebook a récemment mis l’accent sur le suprémacisme blanc, dont les adeptes sont à l’origine de nombreuses tueries perpétrées ces dernières années, notamment aux Etats-Unis.
Le réseau dit avoir banni 200 organisations suprémacistes blanches et élargi sa définition de ce qui constitue une organisation « terroriste » en faisant appel à des experts. « La nouvelle définition reste concentrée sur le comportement, pas l’idéologie de ces groupes », mais elle est désormais élargie à « des actes de violence en particulier dirigés contre des civils avec l’intention de les contraindre et de les intimider ».
Facebook a aussi élargi les missions d’une équipe de 350 experts du maintien de l’ordre, de la sécurité nationale, de l’anti-terrorisme mais aussi des universitaires spécialisés dans l’étude du phénomène de radicalisation pour juguler les efforts « de gens et d’organisations qui appellent à la violence ou commettent des actes violents qui ont un impact dans le monde réel » et pas seulement en ligne.