Des centaines de manifestants ont défilé mercredi dans les rues d’Al-Obeid, dans le centre du Soudan, où six personnes, dont cinq lycéens, ont été tuées lors d’une manifestation lundi.

« Sang pour sang, nous ne voulons pas de compensation », a scandé la foule, composée de jeunes Soudanais et d’adultes qui brandissaient des drapeaux du Soudan et des photographies des victimes.

Six manifestants, parmi lesquels cinq adolescents, ont été tués par balles lundi lors de la répression d’un rassemblement de protestation contre les pénuries de pain et de carburant à Al-Obeid, situé à 420 km au sud-ouest de Khartoum.

Mercredi, les manifestants ont d’abord défilé dans différents quartiers d’Al-Obeid, capitale de l’Etat du Kordofan-Nord, avant de se retrouver dans le centre-ville.

« C’est inacceptable que des jeunes soient tués », a dénoncé Fatima Mohamed. « Ces lycéens étaient seulement en train de chanter des slogans. Pourquoi ont-ils été tués par balles? »

« Il faut que ceux qui ont commis ces crimes soient présentés devant la justice », a-t-elle appelé.

Des rassemblements similaires se sont tenues lundi et mardi à Al-Obeid et à Khartoum pour protester contre la mort des manifestants.

Certains ont accusé les redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) d’avoir tiré sur la foule à Al-Obeid. Plus de 60 personnes ont aussi été blessées.

Pays pauvre à l’économie exsangue, le Soudan est en proie à un mouvement de contestation depuis décembre. Déclenchées après le triplement du prix du pain, les manifestations se sont transformées en opposition au président Omar el-Béchir, destitué et arrêté par l’armée le 11 avril après 30 ans au pouvoir.

Depuis décembre, la répression de la contestation a fait plus de 250 morts, dont 127 manifestants tués le 3 juin dans la dispersion brutale d’un sit-in organisé à Khartoum pour réclamer un pouvoir civil, selon un bilan d’un comité de médecins proche de la contestation.