Plusieurs centaines de personnes ont commencé à se rassembler samedi dans plusieurs villes du Soudan, en mémoire des manifestants tués pendant l’évacuation le 3 juin d’un sit-in installé devant le siège de l’armée à Khartoum.

Des rassemblements étaient en cours en début d’après-midi à Madani et Al-Obeid (centre), ainsi qu’à Port-Soudan, au bord de la mer Rouge.

Le 3 juin, 136 personnes ont été tuées lors de l’évacuation brutale du sit-in des manifestants par des homme armés, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités parlent de 71 morts.

Des dizaines de personnes avaient déjà été tuées dans la répression des manifestations lancées le 19 décembre, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.

Le mouvement avait pris une tournure politique en réclamant la chute du président Omar el-Béchir, destitué et arrêté le 11 avril par l’armée après trois décennies au pouvoir.

Organisés 40 jours après la dispersion du sit-in, les rassemblements marquent aussi la fin du deuil pour les familles et les proches des disparus, selon la coutume musulmane.

Scandant « Sang pour sang, nous ne voulons pas de compensation » et portant des banderoles réclamant « Justice pour les martyrs », des centaines de personnes ont défilé dans les rues en brandissant des photographies de manifestants tués, selon des témoins.

A Khartoum, des rassemblements sont prévus plus tard dans la journée.

Après des mois de tensions, un accord entre les généraux au pouvoir depuis la chute de Béchir et les meneurs de la contestation doit être signé dans les prochains jours.

Cet accord doit permettre d’enclencher la transition vers un gouvernement civil réclamé par la contestation.

Le texte de l’accord, qui fait encore l’objet de discussions entre les deux parties, a été mis sur pied à la suite d’intenses négociations entre les médiateurs de l’Union africaine et de l’Éthiopie.

Il stipule que l’instance chargée de mener la transition pendant une période d’environ trois ans, sera présidée par un militaire pendant les 21 premiers mois, puis par un représentant civil pendant les 18 mois restants.

Une rencontre entre des représentants de la contestation et des militaires est prévue dans la soirée samedi, pour discuter des derniers termes de l’accord.