Vladimir Poutine a publié une longue tribune historique pour accuser l’Occident de « révisionnisme » anti-russe sur la Deuxième guerre mondiale, à quelques jours des célébrations en Russie marquant les 75 ans de la victoire soviétique sur les nazis.

Cette victoire et le sacrifice de 27 millions de Soviétiques pendant la guerre sont au coeur du discours patriotique et de puissance du président russe. Un grand défilé militaire doit marquer l’évènement le 24 juin à Moscou, à la place de la traditionnelle parade du 9 mai reportée pour cause d’épidémie de nouveau coronavirus.

« Le révisionnisme historique dont on observe les manifestations en Occident, avant tout concernant la Seconde guerre mondiale et son issue, est une chose dangereuse » car il déstabilise « les principes d’un développement pacifique » du monde tels qu’établis en 1945 par les Alliés, a accusé M. Poutine dans les pages de The National Interest, une revue conservatrice aux Etats-Unis.

Dans cet article attendu depuis des semaines, le président russe répète ses accusations à l’égard des Européens, Polonais en tête, de vouloir faire porter à l’URSS au même titre qu’à l’Allemagne nazie la responsabilité de la guerre, les deux puissances totalitaires ayant signé un pacte secret organisant le partage de l’Europe de l’Est, notamment de l’Etat polonais.

Prenant pour cible une nouvelle fois Varsovie et une résolution récente du Parlement européen dénonçant l’invasion et le dépeçage de la Pologne en septembre 1939, le président russe répète que l’URSS n’avait d’autre choix car Britanniques et Français avaient cédé aux Nazis, lors des accords de Munich de 1938, et que les Polonais avait torpillé l’émergence d’une alliance entre Paris, Londres et Moscou.

Pour lui, « la faute de la tragédie qu’a souffert la Pologne (avec la double invasion germano-soviétique) repose entièrement sur les autorités polonaises », qu’il accuse aussi de complicité avec Hitler dans les mois précédent l’invasion.

Vladimir Poutine considère que la remise en cause du rôle soviétique dans la Deuxième Guerre mondiale participe à saper les fondements de l’ordre international né de 1945 et fondé sur l’ONU.

Il renouvelle aussi son appel à un sommet des cinq Grands — les membres permanents du Conseil de sécurité (Russie, Chine, France, Royaume Uni, Etats-Unis) –, relevant que le « monde traverse des temps turbulents ».

A l’agenda, il cite la crise économique née de la pandémie du coronavirus.

« Notre aptitude à travailler ensemble et de concert en tant que vrais partenaires va déterminer la sévérité de l’impact de la pandémie et à quelle vitesse l’économie mondiale sortira de la récession », écrit-il.

M. Poutine avait proposé ce format en début d’année, lors des commémorations de libération d’Auschwitz en Israël. Selon Moscou, les autres dirigeants sont d’accord sur le principe mais aucun calendrier n’a été fixé.