Des dizaines de milliers de femmes ont été libérées des griffes de Boko Haram ou ont réussi à échapper aux combattants islamistes nigérians mais leur assurer un avenir sûr est essentiel pour gagner la guerre contre les insurgés, estiment des analystes de l’International Crisis Group (ICG).

« Leur détresse est une préoccupation humanitaire – mais elle pourrait aussi alimenter le conflit », affirme le groupe de réflexion dans un rapport publié mardi.

Le soulèvement de Boko Haram, qui dure depuis dix ans et vise à établir un État islamique dans le nord-est du Nigeria, s’est étendu au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins. Une coalition militaire régionale lutte contre le groupe islamiste. Mais la clé du succès ne peut pas dépendre uniquement des forces armées, avertit l’ICG.

Les analystes ont appelé le gouvernement à « regarder au-delà de la campagne militaire » dans leur rapport intitulé « Retour du pays du Jihad: le destin des femmes associées à Boko Haram ».

Trop de femmes fuyant le jihadisme sont rejetées par la société, explique le rapport. « La réintégration réussie des anciennes femmes de Boko Haram peut envoyer un signal fort à leurs maris combattants, dont certains envisagent la possibilité de leur propre reddition », a déclaré l’ICG.

« Inversement, de mauvais traitements pourraient non seulement dissuader les hommes de se démobiliser, mais aussi inciter les femmes à retourner dans les rangs des insurgés », ajoute le document.

Cela s’applique à la fois à ceux ou celles qui ont été forcés de se battre parce qu’ils ont été enlevés et à ceux qui ont été recrutés de plein gré mais se sont depuis séparés du groupe et se sont rendus.

Les analystes préconisent un financement plus important pour soutenir les programmes en faveur des femmes et veiller à ce que l’aide soit distribuée de façon à éviter que ceux qui ont souffert des attaques de Boko Haram n’éprouvent du ressentiment envers les anciens combattants.

« Un soutien accru aux personnes déplacées par le conflit et, plus généralement, au développement du nord-est du Nigeria, peut contribuer à rétablir les relations tendues entre l’État et la société qui ont alimenté l’insurrection », assure l’ICG.

Boko Haram a enlevé des milliers de femmes et d’enfants – y compris les 276 lycéennes enlevées à Chibok en 2014 – mais les islamistes ne sont pas les seuls à pratiquer ces enlèvements. Début mai, une milice pro-gouvernementale combattant Boko Haram a relaché 894 enfants, dont 106 filles.