La police ghanéenne a annoncé lundi qu’elle poursuivait son enquête pour retrouver les responsables du meurtre d’un journaliste d’investigation qui avait révélé de graves scandales dans le football africain, et avoir interrogé le député qui l’avait menacé il y a quelques mois.
« Une équipe de détectives et d’experts ont interrogé M. Kennedy Agyapong, député de la région d’Assin Central et ont obtenu sa déposition », indique un communiqué de la police ghanéenne publié lundi soir. « Une équipe de détectives et d’experts ont également interrogé M. Kwesi Nyantakyi, ancien président de la Fédération ghanéenne de football ».
Les deux hommes ont été mis en cause dans l’enquête « Number 12 », un documentaire explosif diffusé en juin 2018 où Ahmed Hussein-Suale, journaliste de 34 ans, a piégé des dizaines d’arbitres ghanéens et du continent en leur proposant des pots-de-vin.
Après le scandale, plus de 50 arbitres africains avaient été suspendus par la Confédération africaine de football (CAF).
Selon le directeur de Affaires publiques de la police ghanéenne, David Eklu, « toute personne pouvant donner des informations intéressantes pour arrêter (les suspects) recevra une récompense » de 2.680 euros.
Les assassinats de journalistes sont rares au Ghana, pays souvent salué pour son dynamisme démocratique dans une région turbulente, et classé 23e sur 180 pays dans l’indice mondial 2018 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF).
Le président de la fédération ghanéenne, Kwesi Nyantakyi, avait été filmé avec des « investisseurs » potentiels (des journalistes infiltrés, travaillant sous la direction du journaliste d’investigation Anas Aremeyaw Anas) à qui il faisait miroiter de juteux contrats avec le gouvernement ghanéen, en échange de plusieurs millions de dollars.
Il a démissionné de ses fonctions, après avoir été suspendu pour trois mois par la Fédération internationale de Football (Fifa).
Peu de temps avant son assassinat, mercredi soir, alors qu’il rentrait chez lui, Hussein-Suale avait déposé plainte après que M. Agyapong, député du parti au pouvoir – le Nouveau parti patriotique (NPP) – cité dans le documentaire, eut diffusé sa photo à la télévision, promettant une récompense à qui le passerait à tabac. « Si vous le rencontrez quelque part, cassez-lui les oreilles (…), tabassez-le. Quoi qu’il arrive je vais payer », avait déclaré Kennedy Agyapong lors d’une émission diffusée l’an dernier sur une chaîne privée.
Après l’annonce de son décès, le député s’est défendu publiquement de toute responsabilité. « Ils (la police) devraient aller enquêter sur ceux qu’il a offensés, pas moi. Lui et son patron ont offensé tellement de gens dans ce pays que le mal qu’ils ont fait les poursuit », a affirmé Agyapong.