La Turquie a condamné jeudi un texte voté la veille par le sénat français réclamant « la reconnaissance de la République du Haut-Karabakh », une région séparatiste d’Azerbaïdjan en majorité peuplée d’Arméniens au centre d’un conflit meurtrier cet automne.
« La résolution votée par le Sénat français est un exemple du mépris des principes du droit international (…) pour des considérations de politique intérieure », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dans le texte qu’il a voté, le Sénat condamne « l’agression militaire de l’Azerbaïdjan, menée avec l’appui des autorités turques et de mercenaires étrangers », et demande « le retrait immédiat » de ces forces armées des territoires pris depuis le 27 septembre.
La chambre haute du parlement français appelle aussi à une « enquête internationale sur les crimes de guerre commis au Haut-Karabakh » et invite le gouvernement à tirer les conséquences du « rôle joué par les autorités turques », Ankara ayant pris fait et cause pour Bakou dans le conflit.
La Turquie a rejeté ces accusations, les qualifiant d' »allégations infondées ».
Ankara a en outre estimé que l’appel du Sénat à l’Azerbaïdjan à se retirer des territoires conquis était « ridicule, partial et déconnecté de la réalité ».
Jugeant que le vote du Sénat, qui n’est pas contraignant, reflète « l’obsession turque » de la France, le ministère turc a toutefois affirmé qu’Ankara était prêt à travailler avec Paris à une règlement durable au conflit.
Le vote du Sénat est intervenu en pleines tensions diplomatiques entre la France et la Turquie, notamment liées à des désaccords sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale.
Ces crispations se sont encore intensifiées dès la fin octobre, lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à boycotter les produits français, accusant son homologue français Emmanuel Macron d' »islamophobie » pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet dans le cadre de la liberté d’expression et pour son discours contre le « séparatisme islamiste ».
Le Nagorny Karabakh a proclamé son indépendance il y a près de 30 ans mais celle-ci n’a pas été reconnue par la communauté internationale.
A l’issue de six semaines de combats qui ont débuté le 27 septembre, un accord de cessation des hostilités a finalement été signé le 9 novembre sous l’égide du Kremlin, à un moment où la situation militaire était catastrophique pour l’Arménie.
Selon les termes de cet accord, entré en vigueur le 10 novembre, l’Arménie s’est engagée à rendre plusieurs districts azerbaïdjanais échappant au contrôle de Bakou depuis 30 ans.