La justice française rendra jeudi sa décision concernant la sœur du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, contre laquelle six mois de prison avec sursis ont été requis pour des violences infligées par son personnel à un artisan dans une résidence royale à Paris en 2016.
Hassa bint Salmane est suspectée d’avoir demandé à son agent de « protection rapprochée », Rani Saïdi, le seul présent à l’audience du 9 juillet au tribunal correctionnel de Paris, de menacer, frapper et humilier le plombier auquel la princesse reprochait des photos volées.
Pour la procureure, la fille du roi d’Arabie, 42 ans, « est l’autorité de fait dans cet appartement du 81 avenue Foch ce 26 septembre 2016 » et elle est bien complice de violence avec arme et séquestration « par provocation et par abus de pouvoir ».
Ce jour-là, Ashraf Eid, entrepreneur en bâtiment, se trouvait au 7e étage d’une résidence de la famille royale saoudienne. Il repeignait des tables quand il a été appelé « en urgence » au 5e étage, pour réparer une vasque endommagée.
L’artisan a expliqué aux enquêteurs avoir pris avec son téléphone portable des clichés de la salle de bain où il devait intervenir. La princesse avait surgi dans la pièce, s’apercevant que le plombier avait pu « capter son reflet dans le miroir » et appelé son agent de sécurité.
Contre l’agent de « protection rapproché » Rani Saïdi, un homme de confiance, la procureure a requis 8 mois d’emprisonnement avec sursis et 5.000 euros d’amende. Le même montant a été demandé contre la princesse.
A la barre, l’assistant personnel et dirigeant de la société « Attila sécurité », a fermement nié toute violence, en dépit de traces sur les poignets et d’ecchymoses sur le visage du plaignant, qui s’est vu prescrire une ITT (incapacité totale de travail) de 5 jours.
L’artisan a en revanche décrit au juge d’instruction un quart d’heure de terreur, où la princesse aurait dit « il faut tuer ce chien, il ne mérite pas de vivre ».
L’agent de sécurité lui aurait notamment intimé l’ordre de s’agenouiller sous la menace d’une arme, les mains ligotées, pour baiser les pieds de la princesse. Le plaignant avait déclaré avoir pu quitter l’appartement au bout de plusieurs heures, sans son téléphone – qui sera détruit par un employé de la princesse.
La défense s’est insurgée contre une instruction « totalement à charge », pointant l’attitude ambiguë du plaignant – pas si « traumatisé » puisqu’il revient quelques jours plus tard présenter une facture de 21.000 euros – et a demandé la relaxe.