Des dizaines de défenseurs des droits humains égyptiens ont été la cible d’une « vague de cyberattaques » depuis début 2019, les mettant en « danger grave » face à la répression de l’Etat, a déclaré mercredi Amnesty International.

Depuis janvier 2019, une équipe technique d’Amnesty a analysé « des dizaines de courriels suspects envoyés à des défenseurs des droits humains, à des journalistes et à des ONG égyptiens », a indiqué dans un communiqué l’organisation, sans préciser qui sont les auteurs de ces cyberattaques.

Selon Amnesty, ces dernières ont utilisé une technique de hameçonnage (OAuth Phishing) pour accéder à des comptes privés.

Elles se sont concentrées lors de moments de tensions politiques, comme lors de l’anniversaire de la révolution de janvier 2011, ou la visite du président français Emmanuel Macron fin janvier, pendant laquelle la question des droits humains avait été évoquée.

« Ces attaques numériques semblent faire partie d’une campagne soutenue pour intimider et faire taire les critiques du gouvernement égyptien », a déclaré Ramy Raouf, expert en technologie à Amnesty, cité dans le communiqué.

« Ces tentatives effrayantes de les prendre pour cible en ligne constituent une menace supplémentaire pour leur travail essentiel », a-t-il ajouté.

Les ONG dénoncent régulièrement les violations des libertés par le régime du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis 2014. Le Caire nie ces allégations, mettant l’accent sur sa lutte contre le terrorisme.

Plus de 500 sites internet sont bloqués en Egypte, selon les ONG qui accusent le pays de cibler particulièrement la toile, dernier espace d’expression libre.

En août 2018, le président Sissi avait promulgué une loi controversée de « lutte contre la cybercriminalité » permettant de bloquer tout site dont le contenu constitue notamment « une menace pour la sécurité nationale ».

En septembre 2018, le chef de l’Etat avait également promulgué une loi portant sur la réglementation de la presse et des médias, permettant de suspendre ou bloquer ces sites ou comptes, notamment pour « diffusion de fausses nouvelles ».

Cette incrimination a été régulièrement utilisée ces dernières années pour condamner ou emprisonner des militants, des journalistes ou des satiristes.