Les autorités égyptiennes ont arrêté une journaliste alors qu’elle enquêtait sur les suites de récentes manifestations de petite ampleur dans un village près de Louxor, dans le Sud de l’Egypte, ont indiqué son avocat et son employeur.

Basma Mostafa a été déférée au parquet dimanche après avoir disparu la veille alors qu’elle effectuait un reportage dans un village près de Louxor.

Elle s’intéressait à la mort d’un homme qui aurait été tué par la police pendant des manifestations d’ampleur limitée en septembre, selon Al Manassa, journal en ligne indépendant pour lequel elle travaille.

« Le parquet a ordonné qu’elle reste en détention pendant 15 jours dans l’attente d’investigations sur des chefs d’accusation d’appartenance à un groupe terroriste et de diffusion de fausses nouvelles », a expliqué son avocate, Hala Doma, sur Facebook dimanche soir.

Des dizaines d’Egyptiens ont participé à des manifestations de faible ampleur en septembre, selon des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, en particulier par des sympathisants des Frères musulmans, organisation interdite en Egypte.

Ces rassemblements ont eu lieu dans un contexte de colère, en particulier dans les zones rurales, face aux réformes économiques menées par le gouvernement depuis 2016 et à une campagne visant à faire cesser les constructions illégales, à l’aide notamment d’amendes aux contrevenants.

Un entrepreneur égyptien vivant en Espagne, Mohamed Aly, critique du président Abdel Fattah al-Sissi et de l’armée, avait appelé à des manifestations, des appels relayés par des médias proches des Frères musulmans.

La semaine dernière, M. Sissi a mis en garde contre des tentatives de déstabilisation du pouvoir par des appels à manifester.

Plusieurs vidéos de manifestants se sont avérées fabriquées (ou fausses) selon la cellule Fact-checking de l’AFP chargée de vérifier les informations circulant sur les réseaux sociaux.

Vendredi, Amnesty International a exhorté les autorités égyptiennes à libérer des centaines de personnes arrêtées en septembre lors des manifestations.

Depuis 2013 et la destitution du président islamiste Mohamed Morsi par l’armée, les autorités égyptiennes ont mené une répression féroce contre toute forme d’opposition.

Des militants politiques, des avocats, des universitaires mais aussi des journalistes ont été arrêtés et emprisonnés.

L’Egypte occupe le 166e rang sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières