Un officier français en poste sur une base de l’Otan en Italie est soupçonné d’avoir espionné pour le compte de la Russie, a révélé dimanche la radio Europe 1, des informations partiellement confirmées par le gouvernement français qui a annoncé avoir saisi la justice.

« Ce que je peux confirmer, c’est qu’un officier supérieur est sous le coup d’une procédure judiciaire pour atteinte à la sécurité », a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly dans l’émission « Le Grand Rendez-vous » de la radio Europe 1, la chaîne CNews et du quotidien Les Echos, sans entrer dans les détails de l’affaire.

Selon Europe 1, cet officier a été récemment mis en examen (inculpé, ndlr) pour trahison au bénéfice de la Russie. Il est soupçonné d’avoir fourni des documents ultra-sensibles aux services secrets russes, affirme la radio sur son site internet.

L’homme a été arrêté par les services de contre-espionnage, la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), alors qu’il s’apprêtait à repartir en Italie à la fin de ses vacances en France, et placé en détention provisoire à la prison de la Santé à Paris, poursuit Europe 1.

Le ministère des Armées a seulement confirmé qu’un « officier supérieur en poste à l’étanger » était visé, « pour des faits de nature à causer de graves failles de sécurité ».

« C’est la France qui a pris l’initiative de cette procédure judiciaire », a souligné Florence Parly, précisant que son ministère avait saisi le procureur de la République en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale, qui impose à toute autorité publique de signaler à la justice un crime ou délit dont elle a connaissance.

 

–  » Mesures de sauvegarde » –

 

« Nous avons pris toutes les mesures de sauvegarde qui étaient nécessaires et maintenant il faut que la justice puisse faire son travail dans le respect du secret de l’instruction », a assuré la ministre, sans plus de précisions.

Sollicité par l’AFP, le Parquet de Paris n’a pas souhaité faire de commentaire.

Selon le blog Le Mamouth, spécialisé dans les questions de Défense, l’homme était « était affecté à Naples, principal site de l’Otan en Italie employant des Français ».

D’après Europe 1, ce lieutenant-colonel est âgé d’une cinquantaine d’année et est père de cinq enfants. Il parle russe et a été vu en Italie en compagnie d’un homme identifié comme un agent du GRU, les services de renseignements de l’armée russe.

« Il revient désormais à la justice de faire toute la lumière sur ces agissements. Le ministère des Armées lui apportera toute sa coopération, dans le respect du secret de l’instruction en cours », a indiqué le ministère.

Les inculpations et condamnations de militaires pour espionnage au profit d’une puissance étrangère, principalement la Russie ou en son temps l’URSS, sont rares en France, inférieures à une dizaine depuis la Guerre froide.

En juillet, deux anciens agents des services de renseignements extérieurs (DGSE) ont été condamnés pour trahison au bénéfice de la Chine.

En 2001, un officier français détaché à l’Otan a été condamné pour avoir fourni en 1998 des informations à la Serbie sur les frappes de l’Organisation contre ce pays lors de la guerre du Kosovo.

Ces informations surviennent alors que l’Otan traverse une passe compliquée, malmenée par Donald Trump et les incertitudes stratégiques causées par la politique étrangère américaine, mais aussi par les tensions entre la Turquie d’un côté, la France et la Grèce de l’autre.

Le président français Emmanuel Macron, partisan d’une autonomisation stratégique de l’Europe par rapport aux Etats-Unis, avait déclaré en novembre 2019 que l’Otan était en état de « mort cérébrale ».