Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha en Tunisie, principale force au Parlement, a présenté son candidat, Abdelfattah Mourou, à la présidentielle anticipée du 15 septembre, une première dans l’histoire de cette formation.

L’annonce de cette candidature a été faite dans la nuit de mercredi à jeudi dans un communiqué laconique par le parti qui doit tenir dans l’après-midi une conférence de presse pour expliquer son choix.

Abdelfattah Mourou, 71 ans, est chef du Parlement par intérim, depuis que son prédécesseur Mohamed Ennaceur est devenu président par intérim après le décès le 25 juillet du président Beji Caïd Essebsi à l’âge de 92 ans.

« C’est la première fois de son histoire que le mouvement présente un candidat à la présidentielle », a dit le porte-parole d’Ennahdha, Imed Khmiri.

En 2011, neuf mois après la révolution qui chassa du pouvoir le président Zine el Abidine ben Ali et mis le pays sur la voie de la démocratie, Ennahdha avait remporté les législatives, le premier scrutin post-révolution.

« Le Conseil consultatif du parti a voté à une majorité de 98 voix en faveur de la candidature d’Abdelfattah Mourou à l’élection présidentielle », a indiqué Ennahdha dans son communiqué.

Connu pour sa modération, Abdelfattah Mourou est l’un des membres fondateurs d’Ennahdha au côté de Rached Ghannouchi. Le parti a été fondé en 1981.

Avant le décès du chef de l’Etat et le bouleversement du calendrier électoral, Ennahdha était réticent à l’idée de présenter son propre candidat à la présidentielle et misait sur un succès aux législatives prévues initialement avant la présidentielle pour laquelle il voulait jouer les faiseurs de roi.

Aujourd’hui le premier tour de la présidentielle est le 15 septembre et les législatives sont prévues le 6 octobre.

Les aspirants à la présidence ont commencé à déposer le 2 août leur candidature. Jusqu’à mardi, 27 prétendants ont déposé leur dossier au siège de l’Instance indépendante chargée des élections (Isie), dont l’homme d’affaires et magnat des médias Nabil Karoui. Récemment inculpé pour blanchiment d’argent, il se présente comme le candidat des plus démunis.

M. Karoui est aujourd’hui un adversaire de taille pour le Premier ministre Youssef Chahed, candidat du parti Tahya Tounes.

Abir Moussi, pasionaria de l’ancien régime du dictateur déchu Zine el Abidine Ben Ali, s’est également officiellement enregistrée dans la course. Elle prône entre autres l’exclusion des islamistes dont ceux d’Ennahdha.