Les Togolais votaient dans le calme dimanche pour élire leurs maires lors des premières élections municipales depuis 32 ans, qui se tenaient sans incident majeur malgré le boycott d’un important parti de l’opposition.

Plus de 3,4 millions d’électeurs étaient appelés à voter jusqu’à 16h00 (1600 GMT).

« Les élections municipales de ce jour auxquelles je vous exhorte à participer massivement, pour un choix libre, parachèvent un long processus de décentralisation mené avec rigueur et marquent une avancée majeure dans l’enracinement de la démocratie », a écrit dans la matinée le président Faure Gnassingbé sur son compte Facebook.

Le président Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005, et dont la famille dirige ce petit pays d’Afrique de l’Ouest depuis plus 50 ans, a voté dans un bureau de Pya, sa région d’origine, à environ 420 kilomètres de Lomé.

Le vote se déroulait dans le calme, sans grande affluence.

« Je suis venue accomplir mon devoir civique. Je ne souhaite que deux choses pour ce pays: la paix et le changement », a déclaré Kayi Sassou, une septuagénaire, la première personne à glisser le bulletin dans l’urne dans son bureau de vote de la capitale.

Pour Atutu Lawson, un autre électeur, ces élections permettront de « changer beaucoup de choses dans le quartier »: « Nous n’avons pas de marché, plusieurs maisons n’ont pas de latrines ».

1.527 conseillers municipaux seront élus dans 117 communes pour un mandat de 6 ans, renouvelable deux fois, parmi les 569 listes de partis politiques et d’indépendants retenues par la Cour Suprême pour se présenter à ces élections municipales, les premières depuis 1987.

Les mairies sont actuellement dirigées par des présidents de délégation spéciale, nommés par le président de la République.

– ‘Un grand pas’ –

« Notre pays fait un grand pas. Désormais nous aurons des répondants dans notre quartier à qui exprimer nos besoins », se réjouit Issouf Moudji, un électeur.

A l’exception notable du Parti national panafricain (PNP), important parti dont le bastion se trouve dans le centre-nord du pays, tous les principaux partis politiques de l’opposition prennent part à ces élections.

Le PNP, dont le leader Tikpi Atchadam vit en exil, exige la libération de ses militants détenus, dont trois responsables écroués depuis mi-avril à la suite de manifestations contre le pouvoir le 13 avril.

Il faisait partie de la coalition formée à l’été 2017. Des dizaines de milliers de personnes avaient ensuite manifesté à Lomé et dans d’autres villes pour demander, notamment, la démission de Faure Gnassingbé.

Cette mobilisation exceptionnelle a perdu en intensité au fil des mois. Plusieurs partis ont claqué la porte de la coalition et se sont présentés en ordre dispersé aux élections locales.

Les principaux partis politiques de l’opposition, qui avaient boycotté les élections législatives de décembre 2018 et n’ont plus aucune représentation au Parlement, espèrent asseoir leur présence locale à travers ce scrutin.

L’Alliance Nationale pour le Changement, parti historique d’opposition, a regretté un « cafouillage et l’impréparation » des élections alors que deux bureaux de vote ont dû annoncer un report du scrutin.

Son porte-parole Eric Dupuy a également fait état d’un « bourrage d’urnes à Baguida Centre avant le début du vote ». « Avec la détermination des populations, les bulletins ont finalement été brûlés », a-t-il affirmé.

Dans un communiqué commun la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, la délégation de l’Union Européenne et la coordination du Système des Nations unies au Togo ont salué cette semaine une « étape importante dans le renforcement de la démocratie locale » et encouragé « le gouvernement et les partis politiques à tout mettre en oeuvre pour favoriser collectivement la tenue d’un scrutin libre, pacifique et transparent ».