Un député tchadien, en garde à vue pour un « mariage traditionnel » avec une jeune fille présumée mineure, affirme que son épouse est majeure, a appris l’AFP mercredi auprès de son avocat.

« Nous sommes en possession de l’acte de naissance de la fille, communiqué par son père, indiquant qu’elle a 19 ans, car elle est née le 6 avril 1999 », a déclaré à l’AFP l’avocat du prévenu, François Tordé Djimadoum.

Depuis 2015, le mariage est interdit aux mineurs de moins de 18 ans.

Azzai Mahamat Hassane, député issu de la province du Kanem (ouest), est en garde à vue à la police judiciaire depuis lundi « pour les besoins de l’enquête et sera déféré demain (jeudi) au parquet », ajoute l’avocat.

Zouhoura Mahamat Tahir est « âgée de 14 ans », avait indiqué mardi devant la presse Gérard Nedeou, premier substitut du procureur de la république au tribunal de grande instance de N’Djamena.

De sources judiciaires, un bulletin de scolarité indique que la jeune fille a 17 ans.

« Son père a été interpellé à Mao (chef-lieu de la région du Kanem) et la police judiciaire aura clôturé son enquête d’ici demain » (jeudi), a indiqué M. Nedeou. Toutes les personnes ayant participé à cette infraction « répondront de leur acte », avait déclaré mardi M. Nedeou.

Le député a été pris en « flagrance » et l’immunité parlementaire ne pourra pas être invoquée, selon lui. La jeune fille s’était rendue à l’hôpital suite à la nuit de noce début novembre.

Au Tchad, 68% des femmes sont mariées avant leur majorité, et les femmes font l’objet de nombreuses violences, dont des mariages par rapt dans certaines communautés, selon l’Unicef.

L’ordonnance interdisant le mariage de mineurs de moins de 18 ans au Tchad date de 2015 « seulement », et on constate « une prise de conscience progressive, selon M. Nedeou.

Début novembre, l’époux de la jeune mineure Hawariya, qui accuse son mari de l’avoir séquestrée et torturée durant plusieurs mois en 2016, a été condamné à un an de prison ferme mais il n’a pas été placé en détention jusqu’à présent.