Le président tchadien Idriss Déby Itno a procédé à un remaniement gouvernemental, notamment au ministère de la Défense et de l’Intérieur, au moment où le pays fait face à plusieurs menaces sécuritaires.

Parmi les changements notables de ce remaniement annoncé dimanche soir à la radio nationale, l’ancien ministre de l’Administration du territoire (Intérieur), Mahamat Abali Salah devient ministre de la Défense.

Originaire du Tibesti, la région du nord du pays frontalière avec le sud de la Libye où sont positionnés des groupes rebelles tchadiens, Abali Salah a été gouverneur de la province du Lac Tchad, où les incursions du groupe jihadiste nigérian Boko Haram se multiplient depuis 2015.

Toubou, comme beaucoup d’habitants du Nord, il a multiplié les missions dans la région pour tenter de renforcer le contrôle de N’Djamena dans la zone où opérent trafiquants, orpailleurs illégaux et rebelles.

M. Salah est remplacé à la tête du ministère de l’Administration du territoire par Mahamat Ismail Chaibo. Cet ancien patron de l’Agence nationale de sécurité (ANS, renseignement) avait été nommé ensuite en octobre 2017 chef de la direction des renseignements militaires au Tchad.

Autre portefeuille important, le ministère des Finances est confié à Hamit Tahir Guilim, ancien directeur général de la société des hydrocarbures du Tchad.

Les remaniements au sein du gouvernement sont très fréquents au Tchad, tenu d’une poigne de fer par le président Idriss Déby Itno depuis 1990.

Immense pays s’étendant de l’Afrique centrale à la bande sahélo-saharienne, le Tchad, allié des pays occidentaux dans la lutte anti-jihadiste, est confronté à des défis militaires à chacune de ses frontières.

Le nord du Tchad, frontalier du Soudan, de la Libye et du Niger, est une région volatile du Sahel, désertique et peu habitée. Plusieurs groupes rebelles tchadiens ont établi leur base dans le sud libyen voisin.

Fin janvier, des rebelles tchadiens sont entrés depuis la Libye dans le nord-est du Tchad. Des frappes françaises ont stoppé l’avancée de la colonne. Paris entretient au Tchad le quartier général et les moyens aériens de sa force Barkhane destinée à contenir les menées jihadistes dans le Sahel.

Dans l’est, de graves conflits opposent agriculteurs et éleveurs nomades. Dans l’ouest, Boko Haram a repris ses incursions meurtrières depuis le début de l’année.

Enfin, le Sud frontalier avec la Centrafrique reste fragilisé par la crise qui sévit dans le pays voisin depuis le renversement du président François Bozizé en 2013.