Le principal parti d’opposition en Tanzanie, le Chadema, a annoncé jeudi soir qu’il ne participerait pas aux élections locales du 24 novembre, en accusant l’administration de barrer la route à ses candidats.

« Notre parti trouve qu’il est plus sage de ne pas cautionner une telle tricherie électorale. Continuer à participer à des élections de ce genre, c’est légitimer l’illégalité », a déclaré le député Freeman Mbowe, après une réunion extraordinaire du comité central du Chadema, dont il est le président.

Le 24 novembre, les Tanzaniens doivent élire leurs gouvernements locaux, c’est-à-dire des dizaines de milliers de comités constitués de personnes désignées au niveau des communautés locales qui forment la base de l’administration.

Obligatoirement membres de partis politiques, ces responsables locaux sont généralement instrumentalisés lors des campagnes pour les élections générales.

Les prochaines élections générales sont fixées à la fin 2020. Le président John Magufuli devrait être candidat à sa succession pour un nouveau mandat de cinq ans, selon de nombreux observateurs tanzaniens.

Selon le Chadema, la plupart de ses candidats aux postes administratifs locaux ont été indûment disqualifiés par les organismes chargés d’approuver les candidatures, et d’autres ont été intimidés.

Certains ont trouvé les bureaux délibérément fermés lorsqu’ils allaient faire acte de candidature, d’autres ont vu leurs dossiers déchirés, a affirmé le Chadema. Ces accusations ont été reprises par d’autres partis d’opposition.

« Magufuli et son parti ont peur. Nous n’allons pas participer à cette mascarade », a ajouté M. Mbowe, appelant les membres de son parti à ne pas reconnaître les autorités issues de ces élections.

Le ministre des Collectivités locales, Selemani Jafo, s’est dit « surpris » par la décision du Chadema et a expliqué qu’il existait des recours pour les candidats qui s’estiment lésés.

Amnesty International et Human Rights Watch (HRW) ont dénoncé fin octobre un recul inédit des libertés fondamentales en Tanzanie depuis l’arrivée au pouvoir fin 2015 de M. Magufuli, dont le gouvernement a multiplié les actions répressives contre les médias, la société civile et l’opposition.