Les forces de Bachar al-Assad, soutenues par l’aviation russe, ont lancé depuis avril 2019 des bombardements sur la province d’Idleb, région dominée par des jihadistes dans le nord-ouest de la Syrie et que le pouvoir cherche à reconquérir.
La province accueille quelque 3 millions de civils. Avec des secteurs adjacents des régions d’Alep, de Hama et de Lattaquié, ces territoires sont dominés par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda. D’autres groupuscules jihadistes et des rebelles affaiblis s’y trouvent également.
– Offensive d’envergure –
Les 26 et 27 avril 2019, quinze civils sont tués dans des raids russes dans la province d’Idleb et dans le nord-ouest de celle de Hama. Washington appelle Moscou, allié de Damas, à mettre fin à l' »escalade ».
A la mi-mai, l’ONU avertit du risque d’une « catastrophe humanitaire ».
Le 3 juin, Human Rights Watch accuse Damas et Moscou d’utiliser des « armes bannies internationalement », citant des « armes à sous-munitions, incendiaires » et des « barils d’explosifs » largués sur des secteurs civils.
Mi-juillet, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dénonce les bombardements visant des « installations médicales et des travailleurs médicaux », contraires au droit humanitaire international.
Le 22 juillet, près de 50 civils périssent, dont 38 sur un marché, dans des bombardements attribués par l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) à l’aviation russe. Moscou dément.
En août, les forces du régime amorcent une progression au sol. Elles prennent la ville stratégique de Khan Cheikhoun puis plusieurs localités du nord de la province de Hama.
Le 31, un cessez-le-feu annoncé par la Russie entre en vigueur.
L’offensive, entre fin avril et fin août, a tué près d’un millier de civils selon l’OSDH, et déplacé plus de 400.000 personnes d’après l’ONU.
– Visite inédite d’Assad –
Le 19 septembre, la Russie et la Chine mettent leur veto à une résolution imposant un cessez-le-feu, alors que des bombardements sporadiques se poursuivent à Idleb.
Le 22 octobre, Bachar al-Assad affirme, lors d’une visite inédite dans la région d’Idleb, que la bataille qui s’y déroule est la clé pour mettre fin à la guerre qui déchire la Syrie depuis 2011.
– Nouvelle escalade –
Fin novembre, début d’affrontements entre forces prorégime et factions jihadistes et rebelles dans la province d’Idleb.
A partir de la mi-décembre, les forces du régime, soutenues par l’aviation russe, intensifient leurs bombardements, et de violents combats au sol les opposent aux jihadistes et rebelles, malgré le cessez-le-feu annoncé en août.
En deux semaines, près de 80 civils ont été tués selon l’OSDH, et les combats ont tué des centaines d’hommes dans les deux camps.
– « Grave catastrophe humanitaire » –
Le 9 janvier 2020, l’armée russe annonce à nouveau un cessez-le-feu, censé débuter trois jours plus tard après sa confirmation par la Turquie, parrain de groupes rebelles dans la région.
Mais le 15 janvier, le régime reprend ses bombardements dans la province d’Idleb, où près de 20 civils et des dizaines de combattants périssent en vingt-quatre heures, d’après l’OSDH. Les bombardements pulvérisent immeubles, ateliers et garages.
Le 21, au moins 23 civils, dont 13 enfants, sont tués dans des raids menés par la Russie sur plusieurs villages dans les provinces d’Alep et d’Idleb.
En représailles aux raids russes, des tirs de roquettes s’abattent sur Alep, tenue par le pouvoir et qui jouxte les territoires jihadistes et rebelles. Trois civils sont tués, selon l’agence officielle Sana.
Le 23, l’Union européenne juge « inacceptable » la reprise de l’offensive du régime et de ses alliés dans la région d’Idleb, réclamant l’arrêt des frappes aériennes.
« Cette dernière escalade a ouvert un nouveau front dangereux dans le conflit », déplore le Comité international de Secours (IRC). « Nous sommes déjà en plein dans une grave catastrophe humanitaire », affirme l’ONG le lendemain.
Le 26, les forces du régime progressent vers Maaret al-Noomane, deuxième ville de la province d’Idleb. Cette ville-clé se situe sur l’autoroute reliant Alep à Damas.
Depuis début décembre, 358.000 personnes ont été déplacées, en grande majorité des femmes et des enfants, d’après l’ONU.