Le cessez-le-feu surprise de trois jours décrété à l’occasion de l’Aïd el-Fitr était toujours respecté lundi en Afghanistan, pour son deuxième jour, après que le président Ashraf Ghani s’est engagé dimanche à faire libérer quelque 2.000 prisonniers talibans.

« Le cessez-le-feu tient bon. Aucune violation n’a été signalée jusqu’à présent », a déclaré à l’AFP le porte-parole du Conseil national de sécurité, Javid Faisal.

Dans la ville de Kunduz (nord), que les talibans avaient attaquée la semaine dernière, les habitants ont célébré dans le calme l’Aïd, la fête la plus importante pour les musulmans, qui marque la fin du ramadan.

« Il y a deux jours à peine, la panique s’était installée dans la ville », a observé Atiqullah, un commerçant de Kunduz. « Aujourd’hui, vous sortez et vous avez l’impression qu’il n’y a plus de combats. Les gens fêtent vraiment l’Aïd ».

Les talibans, qui multiplient depuis des semaines les assauts meurtriers contre les forces afghanes, ont surpris samedi en décrétant unilatéralement un arrêt des combats pour que leurs concitoyens « puissent célébrer dans la paix et le confort » l’Aïd.

La direction des insurgés a ordonné à ses combattants de « prendre des mesures spéciales pour la sécurité de leurs compatriotes, et ne pas lancer d’opérations offensives contre l’ennemi ».

C’était la première fois que les talibans appelaient d’eux-mêmes à poser les armes depuis qu’une coalition internationale menée par les Etats-Unis les a chassés du pouvoir fin 2001.

Le président Ghani a immédiatement accepté cette offre. Dimanche, il a lancé « une procédure de libération de jusqu’à 2.000 prisonniers talibans, dans un geste de bonne volonté, en réponse à l’annonce par les talibans d’un cessez-le-feu », selon son porte-parole Sediq Sediqqi.

Auparavant, dans une adresse à la nation, M. Ghani avait déclaré qu’il allait « accélérer les libérations de prisonniers talibans », tout en demandant aux insurgés de continuer à libérer les membres des forces de sécurité afghanes qu’ils détiennent.

Ces libérations réciproques de prisonniers – jusqu’à 5.000 talibans contre 1.000 membres des forces afghanes – sont prévues par un accord signé le 29 février à Doha entre Washington et les talibans, mais non ratifié par Kaboul.

L’accord organise également le retrait des forces étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, à condition que les insurgés respectent des engagements en matière de sécurité et entament des négociations avec les autorités afghanes sur l’avenir du pays.