Le président soudanais déchu Omar el-Béchir a reçu 90 millions de dollars en espèces de l’Arabie saoudite, a affirmé lundi un enquêteur devant un tribunal de Khartoum.

Le brigadier de la police soudanaise Ahmed Ali a déclaré à l’ouverture du procès pour corruption de M. Béchir, que l’ancien président lui avait dit que l’argent avait été « livré par certains des envoyés de Mohammed ben Salmane », le prince héritier saoudien.

Destitué par l’armée le 11 avril en réponse à des manifestations massives après 30 ans à la tête d’un régime militaire soutenu par les islamistes, M. Béchir est arrivé devant le tribunal escorté par un imposant convoi militaire.

À l’intérieur de la salle d’audience, il était assis dans une cage en métal, mal rasé et vêtu d’une robe blanche traditionnelle. Ses proches dans la salle d’audience ont scandé « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand), auquel il a répondu avec les mêmes mots.

L’ancien homme fort du Soudan fait face à des accusations de « possession de devises étrangères, de corruption » et trafic d’influence.

M. Ali a déclaré devant le tribunal que près de 7 millions d’euros avaient été trouvés dans la résidence de Béchir, ainsi que des montants plus modestes en dollars américains et en livres soudanaises.

« L’accusé nous a dit que l’argent faisait partie d’une somme de 25 millions de dollars qui lui avait été envoyée par le prince Mohammed ben Salmane pour être utilisée en dehors du budget de l’Etat », a ajouté l’enquêteur.

Il a également indiqué que M. Béchir avait dit avoir reçu deux paiements de 35 et de 30 millions de dollars du roi Abdallah d’Arabie saoudite, décédé en 2015.

Selon cet enquêteur, M. Béchir avait dit que l’argent saoudien a été échangé et dépensé, mais qu’il ne se rappelait pas comment.

Le procès de M. Béchir s’est ouvert alors que le processus de transition vers un pouvoir civil attend toujours son premier acte concret avec la désignation des membres du Conseil souverain.