Le président français Emmanuel Macron et le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez signeront lundi un accord de reconnaissance mutuelle de la double nationalité entre les deux pays lors d’un sommet portant aussi sur le contrôle des frontières et le passeport vaccinal.

Prévu à Montauban près de Toulouse (sud de la France), ce 26e sommet entre les deux voisins pyrénéens sera le premier depuis février 2017 et le mandat de M. Macron, qui s’entretient cependant très régulièrement avec M. Sanchez, arrivé au pouvoir en juin 2018.

Montauban, préfecture du département du Tarn-et-Garonne, est « un lieu symbolique de l’histoire franco-espagnole », selon l’Elysée. La ville accueille en effet la tombe de Manuel Azana, grande figure du républicanisme en Espagne, qui y a vécu en exil après avoir présidé la Seconde République de 1936 à 1939 en pleine guerre civile. Les deux dirigeants termineront leur rencontre en se recueillant sur sa tombe, une première pour un chef de l’Etat français. « Un geste fort », selon Madrid.

Auparavant, Emmanuel Macron se sera entretenu avec le socialiste Pedro Sanchez des grands dossiers bilatéraux et d’actualité à l’approche du sommet européen des 25 et 26 mars. Ces échanges s’annoncent cordiaux car Madrid et Paris « partagent énormément de points de convergence sur les sujets européens et mondiaux », souligne l’Elysée.

L’« initiative majeure » du sommet sera la signature de « la convention relative à la nationalité entre la République française et le Royaume d’Espagne », susceptible de concerner plusieurs dizaines de milliers de personnes au regard des liens historiques étroits entre les deux pays. Elle profitera davantage aux 150.000 Français résidant en Espagne qu’aux 190.000 Espagnols habitant de l’autre côté des Pyrénées puisque le droit français n’interdit pas la pluralité des nationalités. Négocié depuis plusieurs années, cet accord est à la fois « une avancée très concrète », « un symbole fort » et « une marque de confiance à laquelle nous sommes d’autant plus sensibles que l’Espagne n’autorise la double nationalité qu’avec un nombre restreint de partenaires », avait relevé le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en annonçant en juillet 2020 la tenue du sommet franco-espagnol.

Soumise à des critères, l’obtention du statut de binational présente plusieurs avantages: démarches administratives simplifiées, possession de deux passeports, ouverture à des examens d’entrée dans la fonction publique, voire possibilité de voter lors d’élections nationales.

Au menu des discussions figurent la crise du Covid-19

Si les deux dirigeants se verront face à face, ce ne sera pas le cas des 26 ministres qui participeront au sommet à distance et échangeront donc avec leurs homologues en visioconférence depuis Paris et Madrid.

Au menu des discussions, figurent la crise du Covid-19 et notamment la mise en place d’un passeport vaccinal au niveau européen, encore à l’état de projet. Madrid, qui compte dessus pour relancer le tourisme dès que possible, souhaite que la France se montre moins réticente, a fait savoir le gouvernement espagnol avant le sommet.

Les échanges porteront également sur la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme, en particulier par la réforme de l’espace Schengen, que soutiennent Madrid comme Paris. C’est d’ailleurs à la frontière espagnole, au col de Perthus, qu’Emmanuel Macron avait appelé le 5 novembre 2020 à une refondation « en profondeur » des règles régissant l’espace Schengen et à « un plus grand contrôle » des frontières.

Madrid veut aussi aborder le problème des nombreuses routes secondaires entre les deux pays fermées par les autorités françaises dans les Pyrénées. Le sommet sera l’occasion de signer plusieurs accords bilatéraux, notamment sur l’enseignement secondaire, et de discuter de l’interconnexion des réseaux électriques et ferroviaires. Mais aussi des dossiers internationaux, comme l’engagement de l’Espagne aux côtés de la France dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel.

Malgré la crise du Covid-19, qui limite fortement les déplacements à l’étranger, Emmanuel Macron entend rester très actif sur la scène européenne jusqu’à la fin de son mandat, notamment en profitant de la présidence française de l’Union européenne à partir du 1er janvier 2022, selon l’Elysée.