Un haut conseiller noir du Premier ministre britannique Boris Johnson a démissionné, a annoncé jeudi Downing Street, au lendemain de la parution d’un rapport qui a  provoqué un tollé en semblant minimiser l’ampleur du racisme dans la société britannique.

Samuel Kasumu, le conseiller spécial à Downing Street chargé de la société civile et des communautés, « quittera son poste en mai comme cela était prévu depuis plusieurs mois », a déclaré un porte-parole du gouvernement.

Il a jugé « complètement incorrect » tout lien entre cette démission et la publication mercredi du rapport de la Commission sur les disparités raciales et ethniques, commandé par le gouvernement à la suite du mouvement Black Lives Matter.

Son départ a malgré tout fait grand bruit vu l’indignation qu’a provoqué ce document.

La BBC avait déjà fait en février part de l’intention de M. Kasumu de démissionner en raison de tensions « insoutenables » à Downing Street et de la volonté selon lui du Parti conservateur au pouvoir de mener « une politique fondée sur la division ».

Le rapport publié mercredi conclut que le Royaume-Uni n’est pas « institutionnellement raciste » et pourrait même servir à de modèle à d’autres pays. Il estime que « la plupart des inégalités (…) ne trouvent souvent pas leur origine dans le racisme » et souligne les progrès réalisés en la matière, tout en reconnaissant que le racisme est présent.

Le rapport, qui formule 24 recommandations, a provoqué la colère de militants contre le racisme et de l’opposition travailliste, qui soulignent les profondes inégalités dont sont victimes les minorités ethniques dans de nombreux domaines.

Le mouvement Black Lives Matter a provoqué d’importantes manifestations antiracistes au Royaume-Uni et un examen de conscience sur le rapport au passé colonial.

Le pays reste marqué par le scandale du traitement réservé à la génération Windrush, du nom des quelque 500.000 immigrés des Caraïbes arrivés au Royaume-Uni entre 1948 et 1971, ou encore par l’incendie, en juin 2017, de la tour Grenfell à Londres qui avait fait 72 morts, dont de nombreuses personnes noires et issues d’autres minorités.

M. Kasumu travaillait notamment à encourager la vaccination contre le Covid-19 au sein des minorités, plus réticentes à y participer selon divers sondages alors qu’elles ont été davantage victimes de la pandémie.