Le ministre de la Sécurité de l’Etat somalien du Jubaland (sud) a été arrêté samedi à Mogadiscio pour des « crimes graves », a annoncé dimanche la police somalienne, dans la foulée d’une élection locale ayant une nouvelle fois mis en évidence les tensions entre les autorités fédérales et régionales.

La police n’a pas détaillé les « crimes graves » qu’elle reproche à Abdirashid Hassan Abdinur, arrêté à l’aéroport de Mogadiscio alors qu’il voulait se rendre à Addis Abeba, en Ethiopie.

Dans un rapport de 2017, le Groupe de contrôle des Nations unies pour la Somalie et l’Erythrée avai accusé ce ministre régional d’implication dans des meurtres, tortures et traitements inhumains, notamment, commis en 2014 et 2015.

« Hier, les forces de police somaliennes ont arrêté Abdirashid Hassan Abdinur, qui est accusé de crimes graves », a tweeté dimanche la cheffe adjointe de la police somalienne, Zakia Hussen, selon laquelle le responsable fait l’objet d’une enquête.

Cette arrestation intervient sur fond de tensions ou luttes de pouvoir entre le gouvernement fédéral, celui de l’Etat semi-autonome du Jubaland, et leurs soutiens étrangers.

Le Parlement local a réélu le 22 août le président de l’Etat semi-autonome du Jubaland, Ahled Madobe. Mais le gouvernement central ne reconnaît pas cette élection, reprochant à M. Madobe d’avoir interféré dans la constitution du Parlement du Jubaland, qu’elles jugent donc non représentatif.

Mogadiscio est a contrario accusé par le Jubaland de vouloir évincer M. Madobe, pour favoriser l’accession au pouvoir d’un président loyal au gouvernement fédéral, dans cette région stratégique autour de la ville portuaire de Kismayo.

L’administration du Jubaland a qualifié la détention de son ministre d' »illégale » et évoqué un « kidnapping ».

« Le comité de sécurité de l’administration du Jubaland a tenu une réunion d’urgence aujourd’hui pour discuter du kidnapping du ministre de la Sécurité du Jubaland à l’aéroport de Mogadiscio », a indiqué l’administration du Jubaland dans un communiqué.

« L’administration du Jubaland est profondément préocuppée par la santé et le bien-être du ministre Adbirashid Hassan Abdinur », a ajouté la même source, appelant à le libérer.

Ahmed Madobe, un ancien seigneur de guerre, avait chassé en 2012 avec l’aide de troupes kényanes les islamistes shebab, affiliés à Al-Qaïda, de leur bastion de Kismayo, la capitale régionale.

Selon Matt Bryden, du centre d’analyse Sahan, basé à Nairobi, le Kenya continue à soutenir fermement Madobe, tandis que l’Éthiopie est aux côtés des autorités de Mogadiscio pour l’évincer.