Secouée par plusieurs scandales, l’Eglise catholique française s’est prononcée samedi pour un forfait financier pour les victimes d’agressions sexuelles commises par des prêtres, emboitant le pas à d’autres pays qui ont mis en place des dispositifs financiers.

Voici les détails de ce qui se fait en Suisse, en Belgique ou aux Etats-Unis.

– SUISSE –

Fin 2016, les évêques catholiques suisses ont annoncé la création d’un fonds pour les victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé, lorsque les délais de prescription ont été dépassés.

C’est une commission d’indemnisation, composée d’experts, qui examine les demandes. La compensation prend la forme d’un versement forfaitaire et unique de 10.000 francs suisses (9.100 euros) et dans certains cas particulièrement graves, le forfait peut être supérieur – jusqu’au double.

Depuis 2017, 119 demandes ont été faites.

Le fonds est alimenté par les contributions des diocèses, des congrégations religieuses, des donations de personnes privées ou d’institutions.

La Conférence des évêques avait présenté cette mesure comme l’ultime étape d’un processus engagé six ans auparavant, lorsqu’elle avait reconnu que l’Eglise portait une part de responsabilité dans des cas d’abus sexuels. Elle avait évoqué une « faute » à plusieurs niveaux: « l’acte de l’abus, le silence complice, l’absence d’aide aux victimes ».

– BELGIQUE –

Depuis 2012 l’Eglise catholique belge a versé quelque 4,5 millions d’euros d’indemnisations aux victimes, par le biais de Dignity.

Cette fondation, destinée à dédommager les victimes dont les faits sont prescrits, a recueilli de l’argent venant des diocèses, des congrégations religieuses, ainsi que des auteurs des faits encore en vie (nombre d’entre eux sont morts).

Un barème d’indemnisation a été établi en fonction de la gravité des faits (allant jusqu’à 25.000 euros). Cela représente quelque 350 compensations financières, selon un rapport de février 2019 publié par la conférence épiscopale.

Un bureau par diocèse a été mis en place dans le pays pour permettre aux victimes de se faire connaître.

Ce système avait été mis en place après le scandale provoqué par les révélations de l’évêque de Bruges, Roger Vangheluwe, qui en 2010 avait avoué avoir abusé de deux de ses neveux et avait démissionné.

Dans la foulée, des milliers de témoignages avaient fait état d’abus commis au sein de l’Eglise depuis des décennies.

– ETATS-UNIS –

Aucune mesure nationale n’a été adoptée en termes de réparations. En revanche, des programmes de dédommagement ont été mis en place localement ces dernières années.

Dans l’Etat de New York, par exemple, plusieurs diocèses ont adopté un plan d’indemnisation, qui prévoit, via des études de cas individuels et des accords à l’amiable, un dédommagement des victimes. En échange, ces dernières s’engagent à ne pas poursuivre au civil les diocèses concernés.

Ces accords, qui restent confidentiels, ont été critiqués par certaines associations de victimes, qui estiment qu’avec ces dédommagements, l’Eglise continue à échapper à la justice.