Les autorités afghanes ont relâché deux défenseurs des droits de l’homme, détenus par les services de renseignements après avoir alerté des médias sur l’existence d’un réseau de pédophilie présumé dans des écoles proches de Kaboul, a-t-on appris jeudi de source officielle.
Musa Mahmudi, un responsable associatif du Logar, une province au sud de la capitale, a dénoncé plus de 500 cas de pédophilie sur des garçons scolarisés, auprès de deux médias internationaux et d’une télévision afghane.
Il a été arrêté il y a une semaine par le NDS (Directorat national pour la sécurité, les services de renseignement afghans, NDLR), ainsi que son collègue Ehsanullah Hamidi.
Le NDS a été désavoué mardi par le président Ashraf Ghani, qui s’est dit « profondément perturbé par les récentes informations sur des agressions sexuelles révélées par la société civile dans la province du Logar ».
Les deux activistes ont été libérés mercredi, a indiqué jeudi à l’AFP Naeem Nazari, vice-directeur de la Commission indépendante afghane des droits de l’Homme, une institution publique.
Ils « sont à Kaboul et réunis avec les membres de leurs familles. Ils n’ont pas de restriction de mouvement », a-t-il précisé.
Dans un communiqué mardi, le NDS avait accusé M. Mahmudi d’avoir transmis ses informations à des médias « à seule fin de fabriquer une histoire pour ensuite demander l’asile pour lui et sa famille dans un pays étranger ».
A l’appui de ses accusations, le NDS avait diffusé un enregistrement vidéo de Musa Mahmudi, visiblement réalisé pendant sa détention, dans lequel ce dernier déclarait que son « enquête était inexacte, incomplète et pas terminée ».
Il est « épouvantable de contraindre à des aveux des militants de la société civile dont le but est de protéger des enfants », avait commenté sur Twitter l’ambassadeur américain en Afghanistan, John R. Bass, qualifiant le procédé de « méthode soviétique ».
L’Afghanistan, longtemps pointé du doigt pour son laxisme en matière de pédophilie, a introduit en 2017 dans son code pénal des dispositions criminalisant les abus sexuels envers les mineurs.
Cette législation a fait suite à la publication par des médias, dont l’AFP, d’informations sur le « bacha bazi », une pratique qui consiste à entretenir des garçons prépubères, parfois maquillés et travestis, pour en faire des danseurs et des esclaves sexuels.
Dans le Logar, plus de cent vidéos de garçons abusés ont été mises en ligne sur Facebook, affirme le quotidien britannique The Guardian, ajoutant que certaines familles ont tué leur fils, dont les traits étaient reconnaissables.