Entre 200 et 300 personnes ont manifesté samedi à Lille, dans le nord de la France, devant la statue du général Faidherbe pour réclamer le « retrait », ou « au moins la contextualisation », de cette « figure du colonialisme français, violent et raciste », a constaté une journaliste de l’AFP.

Ces dernières semaines, la France, comme d’autres pays européens, est à son tour saisie par le mouvement d’inspiration américaine contre les monuments jugés racistes, liés à l’histoire coloniale française ou à la traite négrière.

Le président Emmanuel Macron a cependant signifié son refus de tout déboulonnage de statues. La France se montrera « intraitable » face au racisme mais « n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire », et « ne déboulonnera pas de statue », a-t-il affirmé le 14 juin.

« Décolonisons, l’histoire et la mémoire ! », ont pour leur part scandé samedi les manifestants rassemblés pacifiquement à Lille, face à la statue équestre controversée.

« Qui veut (encore) célébrer le colonialisme ? 200 ans ça suffit ! », clamait une banderole installée par ce collectif, né en 2018 au moment du bicentenaire de la naissance du général.

Des représentants de l’association Survie, qui dit « dénoncer toutes les formes d’intervention néocoloniale française en Afrique », du Front uni des immigrations et des quartiers populaires, des collectifs Afrique et de défense des sans papiers, ou de l’Atelier d’histoire critique, étaient présents.

« Partout dans le monde, depuis la mort de George Floyd et dans le contexte du mouvement #BlackLivesMatter, des statues d’esclavagistes, de colonialistes et de suprémacistes blancs sont tombées. (…) Nous aussi, nous avons notre statue de colon à déboulonner ! », plaide le collectif.

Pour ses défenseurs, Louis Faidherbe (1818-1889), né à Lille et qui a fini sa carrière comme sénateur socialiste du Nord, est avant tout une figure militaire qui a préservé la région de l’invasion prussienne en 1870.

Mais « il a aussi colonisé le Sénégal dans des conditions extrêmement violentes, en se targuant de brûler des villages, et a développé toutes sortes de théories racistes », a réagi samedi auprès de l’AFP Jean-François Rabot, membre de Survie.

Le collectif n’entend pas toutefois abattre la statue: « On aimerait que la mairie, au minimum, appose une plaque explicative, et dans l’idéal qu’elle la retire pour la placer dans un musée », a encore expliqué M. Rabot.

« On ne cherche pas à effacer l’histoire, mais au contraire expliquer », a aussi déclaré l’historien et représentant du collectif Thomas Deltombe.