Emmanuel Macron se rend jeudi à Londres pour célébrer le 80e anniversaire de l’appel à la résistance du 18 juin 1940 lancé par le général de Gaulle, une commémoration à forte charge symbolique où il devrait souligner l’importance des liens franco-britanniques et de l’héritage gaullien.

La commémoration de cet appel historique à poursuivre la lutte contre l’Allemagne nazie a démarré à Paris jeudi matin, avec une visite au Musée de la Libération aux Invalides, où M. Macron s’est entretenu avec Hubert Germain, 99 ans, l’un des quatre derniers Compagnons de la Libération.

« Nous nous devons d’être inspirés par cette force d’âme », lui a déclaré le chef de l’Etat: « Votre courage, votre vertu au sens romain du terme, sont une fierté pour notre pays et nous inspirent encore. On fera en sorte que chaque jeune sache ce qu’il vout doit ».

Dans le musée lui ont été présentés notamment le texte original de l’Appel, ainsi qu’une vitrine avec les photos des six femmes compagnons de la Libération.

Le président est ensuite attendu à la traditionnelle cérémonie au mémorial du Mont Valérien, principal lieu d’exécution de résistants et d’otages pendant la Seconde Guerre mondiale. La patrouille de France et les Red Arrows de la Royal Air Force survoleront le site, puis la statue de Winston Churchill devant le Petit Palais.

Avec une délégation restreinte, M. Macron s’envolera ensuite pour Londres — où l’obligation de quarantaine pour les visiteurs étrangers exempte les visites diplomatiques — pour rendre hommage à la ville qui fut la capitale de la France Libre.

Il s’agira de son premier déplacement à l’étranger depuis sa visite à Naples le 27 février pour un sommet italo-français.

En présence du prince Charles, M. Macron remettra la Légion d’honneur à la ville de Londres.

Au lendemain de son arrivée à Londres, de Gaulle avait appelé les militaires, ingénieurs et ouvriers français à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre l’Allemagne nazie, malgré l’armistice demandé par le maréchal Pétain.

« Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas », avait-il déclaré en concluant sa célèbre intervention.

Cette visite intervient alors que Londres et Bruxelles essaient de débloquer les négociations d’un accord sur la relation post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union européenne après la fin de la période de transition le 31 décembre.

Le président français terminera sa visite par un entretien avec le Premier ministre Boris Johnson, où les négociations du Brexit devraient être au menu.

« C’est une visite très importante qui permettra d’avancer sur tous les sujets du moment », a affirmé jeudi le ministre des Affaies étrangères Dominic Raab sur la BBC.

« Oui, nous voulons parler » du Brexit, a-t-il ajouté, car « tout en quittant l’UE  nous pouvons et nous voulons bâtir des relations en Europe encore plus fortes avec nos voisins les plus proches », a-t-il ajouté.

– Tous de Gaulle –

La figure tutélaire du général continue à être une valeur-refuge pour la classe politique française, notamment à droite, et particulièrement en cette période de crise où la notion de « souveraineté » revient en force.

Jusqu’à Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (extrême-droite), dont le parti a pourtant longtemps combattu le général au nom de l’Algérie française, qui s’est rendue mercredi sur l’île de Sein pour commémorer l’appel, un jour à l’avance.

Charles de Gaulle fut élu le 21 décembre 1958 premier président de la Ve République française, puis réélu en 1965, avant de quitter le pouvoir en avril 1969 après l’échec d’un référendum. Son premier mandat de sept ans est marqué par la guerre d’Algérie, la décolonisation en Afrique et l’affirmation de la souveraineté française sur la scène internationale.

« De Gaulle n’était ni de gauche, ni de droite (…) Il était pour le rassemblement et se situait au dessus des partis », souligne Michel Winock, auteur d’un « De Gaulle, habité par l’Histoire ».