L’ensemble des 1.200 soldats tchadiens déployés depuis des mois au Nigeria dans le cadre de la lutte contre le groupe jihadiste Boko Haram sont rentrés au Tchad vendredi au terme de leur mission, a annoncé samedi à l’AFP le porte-parole de l’armée tchadienne.

« Ce sont nos éléments qui sont partis prêter main forte aux soldats nigérians il y a plusieurs mois qui rentrent au pays, ils ont fini leur mission », a précisé le porte-parole, le colonel Azem Bermandoa, sans préciser si ces militaires allaient être relevés par d’autres.

« Il n’y a plus aucun de nos soldats au Nigeria. Ceux qui sont rentrés vont regagner leur secteur dans le lac Tchad », a-t-il ajouté.

L’insurrection de Boko Haram est née au Nigeria, pays plongé dans un conflit entre l’armée et les groupes jihadistes qui a fait au moins 35.000 morts depuis 2009, et a propagé ses violences au Niger, au Tchad et au Cameroun voisins.

La faction de Boko Haram affilié au groupe de l’Etat islamique, ISWAP, est particulièrement active autour du lac Tchad, une vaste étendue d’eau truffée d’îlots et de marécages servant de repaires et de camps d’entraînement à la frontière avec le Niger.

ISWAP mène de nombreux raids contre les bases militaires et des attaques directement visées contre les forces de sécurité nigérianes et régionales, et fin décembre, six soldats nigérians ont été tués dans un nouveau raid des jihadistes.

Depuis 2015, les pays de la région luttent contre Boko Haram et ISWAP au sein de la Force multinationale mixte (FMM), une coalition régionale engagée autour du Lac avec l’aide de comités de vigilance composés d’habitants. C’est dans ce cadre que les 1.200 soldats tchadiens avaient été envoyés au Nigeria.

« Si les Etats riverains du Lac Tchad s’accordent sur une nouvelle mission, il y aura sûrement un autre contingent qui sera redéployé sur le terrain », a précisé à l’AFP le chef d’Etat-Major des armées tchadiennes, le général Tahir Erda Tahiro.

Les militaires tchadiens rentrés du Nigeria seront prochainement « déployés dans la région du lac Tchad (côté tchadien) pour renforcer un dispositif de sécurité tout au long de la frontière », a confié à l’AFP un haut responsable de l’administration de cette région.

Ces dernières semaines, le Tchad a été confronté à plusieurs attaques meurtrières du groupe jihadiste. Mi-décembre, 14 personnes ont été tuées et 13 portées disparues dans un village de pêcheurs situé sur le pourtour du Lac.

Le Cameroun fait lui aussi face à un regain des attaques de Boko Haram, selon un rapport de l’ONG de défense des droits humains Amnesty International publié en décembre, qui fait état de 275 personnes, dont 225 civils, tuées en 2019.