Les 32 Russes du groupe militaire privé Wagner, jugé proche du Kremlin, arrêtés au Bélarus sont suspectés d’y avoir préparé des « actes de terrorisme » à l’approche de la présidentielle, ont annoncé jeudi les autorités bélarusses.

« Les personnes arrêtées sont suspectées de préparation d’actes de terrorisme sur le territoire du Bélarus », a indiqué à la presse le secrétaire d’Etat du Conseil de sécurité national, Andrei Ravkov, confirmant par ailleurs que quelque 170 autres suspects potentiels étaient encore recherchés.

« Selon certaines informations, ils étaient jusqu’à 200, on cherche les autres, ils sont comme une aiguille dans une botte de foin », a-t-il ajouté.

Il s’exprimait à l’issue d’une réunion avec les candidats à la présidentielle et leurs représentants pour les informer des « menaces » pesant sur le pays à l’approche du scrutin du 9 août.

L’autoritaire président Alexandre Loukachenko vise un sixième mandat mais fait face à une mobilisation inhabituelle en faveur de l’opposition, et cela malgré la répression de manifestations et l’arrestation de plusieurs de ses concurrents en vue.

Selon certains des candidats, M. Ravkov a mis en garde contre d’éventuelles « provocations lors d’évènements publics de masse » en lien avec le scrutin.

La principale concurrente de M. Loukachenko, Svetlana Tikhanovskaïa, a exclu d’annuler ses rassemblements de campagne, qui attirent des foules jamais vues au Bélarus. L’un d’entre eux est prévu dans la soirée de jeudi à Minsk.

« Tous nos évènements auront lieu, les mesures de sécurité seront cependant renforcées avec des détecteurs de métaux », a-t-elle dit.

« La responsabilité d’assurer la sécurité repose sur l’Etat », a-t-elle dit.

L’ambassadeur russe à Minsk doit, selon les médias russes, se rendre au ministère bélarusse des Affaires étrangères dans l’après-midi de jeudi. Moscou n’a pas commenté ces arrestations.

Historiquement alliés, la Russie et le Bélarus entretiennent des relations toujours plus tendues depuis fin 2019, le président Loukachenko accusant en particulier Moscou de vouloir réduire son pays à l’état de vassal et de s’ingérer dans le scrutin du 9 août.

Les personnes arrêtées mercredi seraient, selon Minsk, des hommes du groupe Wagner, une organisation réputée proche du Kremlin et suspectée d’envoyer des mercenaires sur des terrains d’interventions étrangers, comme l’Ukraine, la Libye, ou la République centrafricaine, auxquels Moscou ne veut pas être officiellement associé.

Loukachenko a plusieurs fois accusé des pays étrangers, en particulier occidentaux, de vouloir « déstabiliser » la situation à l’approche d’élections. Fin juin, il avait accusé la Russie et la Pologne d’ingérence dans la présidentielle du 9 août

Depuis son arrivée au pouvoir en 1994, aucune opposition n’a pu émerger et nombre de ses chefs de file ont été emprisonnés.

La campagne électorale actuelle a été galvanisée par l’arrivée de nouveaux visages. Alexandre Loukachenko fait face en particulier à Svetlana Tikhanovskaïa qui a remplacé au pied levé son mari, un vidéo-blogueur emprisonné en mai au moment où il gagnait en popularité.