Eleveurs et nomades depuis des siècles, les Peuls fascinent, inquiètent. Au Nigeria, comme dans le reste du Sahel, ils sont à la croisée des plus importants défis du XXIe siècle, du réchauffement climatique à l’explosion démographique.
Ce peuple va à l’encontre des fondements des sociétés occidentales et de celles de l’Afrique depuis sa colonisation, la sédentarisation et les frontières. Mais il apprend aussi à s’adapter, comme ce roi peul devenu aussi souverain des dockers de Lagos.
Avec leurs dizaines de millions de têtes de bétail, les éleveurs nomades ou semi-nomades empruntent les mêmes routes depuis des siècles, parlent une langue commune, le fufulbe, et maintiennent leur tradition ancestrale. Mais tentent de répondre à une demande en viande qui ne cesse de croître à mesure que grandit la classe moyenne nigériane.
Mais pour nourrir ces bêtes, ils doivent s’aventurer toujours plus au centre du pays, en terres de culture, en terres, aussi, chrétiennes. Les éleveurs peuls musulmans et agriculteurs chrétiens s’y frottent, dans une région sous l’influence continuelle d’un islam qui tend à s’y radicaliser.
Le Nigeria est rongé par ces conflits entre éleveurs et agriculteurs sédentaires, qui ne parviennent plus à vivre ensemble et se battent pour ce qu’il leur reste de plus cher, la terre: les premiers pour faire paître leurs bêtes, les autres pour cultiver leurs champs. L’un comme l’autre, pour survivre.
Dans ces cycles de violence et de revanche, que tentent d’instrumentaliser les groupes radicaux jihadistes, les Peuls sont souvent stigmatisés, tenus responsables de tous les maux et de toutes les tueries.
Mais qui sont-ils vraiment? D’où viennent-ils? Quel avenir pour ce peuple dans un monde construit contre les principes mêmes qui le régissent: les traditions ancestrales et le nomadisme?