Le nouveau Premier ministre soudanais, Abdalla Hamdok, est arrivé jeudi à Juba, pour sa première visite officielle depuis son investiture le 21 août, assurant que « l’horizon est la (seule) limite » aux liens que peut entretenir le Soudan avec son voisin du Sud.

M. Hamdok, un économiste, est chargé d’assurer la transition vers un pouvoir civil au Soudan, après des mois d’une contestation inédite qui a fait tomber le président Omar el-Béchir.

A Juba, au cours d’une visite de deux jours, il doit rencontrer le président sud-soudanais, Salva Kiir, ainsi que des membres de l’opposition soudanaise.

« Je suis ravi d’être dans ma seconde maison, Juba. Nous cherchons à établir une relation très spéciale et très stratégique entre nos deux nations, et l’horizon est la (seule) limite à cette relation », a déclaré M. Hamdok à son arrivée.

« Nous espérons entretenir une relation très prospère qui résoudra les problèmes du commerce, de la question des frontières, du pétrole, et de la liberté de mouvement de nos concitoyens entre les deux pays », a-t-il ajouté.

Plus jeune État du monde, le Soudan du Sud a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, à l’issue de plusieurs décennies de luttes.

Le pays a ensuite sombré dans une guerre civile dévastatrice en décembre 2013, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Si la question frontalière et l’utilisation des infrastructures du Nord pour l’exportation du pétrole sud-soudanais restent sources de tension, les relations entre les deux pays se sont récemment considérablement améliorées.

La guerre civile au Sud – un accord de paix a été signé en septembre 2018 à Addis Abeba mais reste encore largement inappliqué -, et la crise économique au Soudan, qui a souffert de l’effondrement de l’industrie pétrolière sud-soudanaise, expliquent pour beaucoup cet apaisement, selon les analystes.

L’une des dernières initiatives diplomatiques de M. Béchir, avant d’être renversé, avait été de faire pression sur MM. Kiir et Machar pour les inciter à signer l’accord d’Addis Abeba.

Mais avec la crise traversée ces derniers mois par le Soudan, les observateurs se demandent si son nouveau gouvernement aura la même volonté et la même capacité à pousser les dirigeants sud-soudanais à mettre en œuvre l’accord de paix.

Autre signe du rapprochement entre les deux pays, le président Kiir avait été désigné en novembre 2018 médiateur des pourparlers de paix entre Khartoum et les rebelles des États soudanais du Darfour (ouest), du Kordofan-Sud (sud) et du Nil Bleu (sud-est).

M. Hamdok a promis de mettre fin à ces conflits locaux, qui ont provoqué des milliers de morts et des millions de déplacés.

Ces groupes rebelles se sont retrouvés cette semaine à Juba et ont signé un accord portant sur des « principes de pré-négociation » avec Khartoum.