Airbus risque de supprimer davantage d’emplois au Royaume-Uni qu’en France ou en Allemagne faute de prolongation par Londres du dispositif de chômage partiel au-delà du mois d’octobre, a prévenu vendredi le patron de l’avionneur européen Guillaume Faury dans le Financial Times.

Les mesures de chômage partiel, où l’Etat prend en charge tout ou partie du salaire, permettent « d’amortir les réductions de main d’oeuvre et de conserver les compétences », plaide-t-il. « Si nous n’avons pas ce système au Royaume-Uni, nous devons chercher des solutions plus permanentes alors que nous aurions pu éviter cela pour une partie de la main-d’œuvre ».

Londres a prolongé jusqu’à octobre son dispositif de chômage partiel, quand la France s’apprête à le maintenir pour une période allant jusqu’à deux ans.

Airbus, qui a baissé d’environ un tiers ses cadences de production, emploie 13.500 personnes au Royaume-Uni, 48.000 en France et 46.000 en Allemagne, et doit annoncer cet été des mesures de restructuration pour faire face à la crise.

« On veut pouvoir garder des équipes, on veut pouvoir garder des compétences et on veut minimiser l’impact sur l’emploi », avait affirmé M. Faury à l’AFP mardi, après la présentation du plan français de 15 milliards d’euros de soutien à la filière aéronautique et notamment pour développer l’avion du futur. L’Allemagne va, elle, investir 9 milliards devenir le champion de l’hydrogène, potentiel carburant de l’aviation à l’avenir.

Pour Guillaume Faury, « il est temps pour le Royaume-Uni de faire ce que la France et l’Allemagne ont fait » et de s’engager dans l’avenir de son industrie aéronautique.

« Dans un an, ces projets auront été lancés et il sera trop tard », a prévenu le président exécutif d’Airbus,

Les usines britanniques d’Airbus sont spécialisées dans la construction des ailes mais « il y a d’autres domaines comme la propulsion où nous pensons que le Royaume-Uni pourrait augmenter ses financements », a-t-il expliqué au FT, se disant par ailleurs inquiet de l' »impasse » des négociations sur la relation post-Brexit entre l’UE et Londres.

Le motoriste britannique Rolls Royce, spécialisé sur les moteurs d’avions gros porteurs, catégorie la plus affectée par la crise du transport aérien, a annoncé en mai la suppression d’au moins 9.000 postes.