Au moins six personnes sont mortes de malnutrition cette semaine dans le centre du Mali, où l’insécurité empêche l’acheminement de vivres pour les populations, selon des sources gouvernementale et locale.

« Nous avons enregistré six morts » lundi du fait de la malnutrition, a indiqué Abdoul Ongoiba, maire-adjoint de Mondoro, une commune de la région de Mopti. Ces décès sont survenus, selon lui, dans le village de Tiguila.

Ce bilan a été confirmé mercredi par le ministère de la Santé.

Après l’an dernier, « c’est la deuxième fois que des cas de malnutrition se signalent dans notre commune. Cette année, nous avons 100 cas de malnutrition dans 25 villages », a poursuivi M. Ongoiba.

La situation à Mondoro est marquée par « un nombre inhabituel de cas de malnutrition » et cette situation est due à « la dégradation de la situation sécuritaire avec la présence quasi permanente des groupes armés, des voies d’accès minées et l’état de siège imposé » à des villages, relevait mardi le ministère de la Santé dans un communiqué.

« Nous sommes laissés à nous-mêmes. Les ONG et autres partenaires ne peuvent pas venir sans escorte parce que Mondoro est entourée de terroristes. Ils ont mis des mines sur nos routes », a dit un habitant de Tiguila, Sidi Ongoiba.

Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du Mali du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».

« Des actions urgentes sont en cours », a déclaré mercredi le Premier ministre Boubou Cissé évoquant la mobilisation les FAMA (l’armée malienne) pour acheminer des vivres, des produits nutritionnels et des médicaments dans la commune de Mondoro, où le ministre de la Santé Michel Sidibé est attendu jeudi selon une source officielle.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France et qui se poursuit avec Barkhane.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU. Et depuis 2015, ces violences se sont propagées du nord au centre du pays, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins