Le mécanisme de troc conçu par les Européens pour aider l’Iran à contourner les sanctions américaines ne fait pas l’affaire mais témoigne malgré tout d’une prise de distance bienvenue entre le Vieux Continent et Washington, a jugé lundi Téhéran.

Vendredi, à l’issue d’une réunion de crise destinée à tenter de sauver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, l’Union européenne a indiqué que ce mécanisme, baptisé Instex, était enfin « opérationnel » et que les premières transactions étaient « en train d’être traitées ».

« Cet Instex que les Européens ont décidé d’utiliser, bien qu’il ne réponde pas aux exigences de la République islamique, ni aux obligations des Européens, a une valeur stratégique [en ce qu’il montre] que les alliés les plus proches des Etats-Unis sont en train de se distancer de l’Amérique dans leurs relations économiques », a jugé Mohammad Javad Zarif.

« Cela aura certainement des effets à long terme », a ajouté le ministre dans un discours retransmis par la télévision d’Etat.

Conclu en juillet 2015 à Vienne, l’accord international sur le nucléaire iranien est menacé depuis que les Etats-Unis ont décidé en mai 2018 de dénoncer unilatéralement ce pacte et de rétablir des sanctions économiques contre l’Iran.

Les trois pays européens parties à l’accord (Allemagne, France et Grande-Bretagne) se sont engagés à tout faire, avec les autres partenaires de l’Iran dans ce pacte (Chine et Russie), pour aider Téhéran à bénéficier des retombées économiques qu’il en attend, malgré le retrait américain, mais cette promesse tarde à se concrétiser.

Par l’accord de Vienne, l’Iran s’est engagé à ne jamais chercher à acquérir la bombe atomique et a accepté de réduire drastiquement son programme nucléaire en échange de la levée de sanctions internationales qui asphyxiaient son économie.

Le retour des sanctions américaines a pour effet d’isoler presque totalement l’Iran du système financier international et de lui faire perdre la quasi-totalité de ses acheteurs de pétrole.

En riposte à cette situation, Téhéran a annoncé en mai s’affranchir de deux de ses engagements pris à Vienne et a menacé de renoncer à deux autres à partir du 7 juillet si Berlin, Londres, Moscou, Paris et Pékin ne l’aident pas à briser l’embargo américain.

Instex n’est conçu initialement que pour favoriser des transactions dans les domaines pharmaceutique, médical et agroalimentaire.

« Pour qu’Instex soit utile à l’Iran, il faut que les Européens achètent du pétrole iranien », avait déjà prévenu vendredi le ministre des Affaires étrangères iranien adjoint, Abbas Araghchi.