Le président kényan Uhuru Kenyatta doit inaugurer vendredi le plus grand parc éolien d’Afrique, 365 éoliennes situées dans une zone semi-désertique du nord du Kenya et qui produisent plus de 15% des besoins en électricité du pays.

Construit dans une région aux paysages lunaires sur la rive est du lac Turkana, et dans un corridor naturel considéré comme un des endroits les plus venteux au monde, ce projet de 680 millions de dollars (600 millions d’euros) représente le plus grand investissement privé de l’histoire du Kenya.

« Cela a été un incroyable voyage. C’est clairement un jour historique », a déclaré à l’AFP Rizwan Fazal, directeur exécutif du projet Lake Turkana Wind Power, en amont d’une cérémonie officielle qui doit avoir lieu cette après-midi sur le site du parc éolien.

« Cela envoie un signal fort au sujet du Kenya: nous sommes mûrs pour des projets de cette ampleur », a-t-il ajouté au sujet de ce projet qui a connu de nombreux contretemps, notamment lors des négociations en amont de la construction et pour la connexion du parc éolien au réseau électrique.

– Un projet test –

Bien plus ambitieux qu’ailleurs en Afrique, ce projet éolien est suivi de très près car vu comme un test pour les investissements à grande échelle dans les énergies renouvelables sur le continent, où la demande en énergie est de plus en plus grande sur fond de rapides croissances économique et démographique.

Le Kenya produit déjà l’essentiel de son énergie grâce à l’hydroélectrique, la géothermie ou l’éolien, et ce nouveau parc éolien s’inscrit dans le cadre de sa volonté de produire 100% de son énergie grâce à des sources renouvelables d’ici à 2020.

Les défenseurs de l’environnement estiment toutefois que le gouvernement trahit cette volonté avec un projet de centrale à charbon sur la côte, dans le comté de Lamu, qui a toutefois été suspendu par la justice et est jugé inutile par de nombreux observateurs.

L’installation des éoliennes a été achevée en avance sur le planning. Hautes de près de 50 mètres et fabriquées par le Danois Vestas, elles ont été transportées une par une par la route depuis le port de Mombasa, à quelque 1.200 kilomètres de là. Quelque 200 kilomètres de pistes ont dû être améliorées pour l’occasion.

Ces éoliennes ont été spécialement conçues pour endurer les vents du « corridor du Turkana », formé par le relief et qui offre toute l’année des conditions de vent optimales.

Le parc éolien a été achevé en mars 2017, mais n’a pu être connecté au réseau électrique kényan que 18 mois plus tard, en septembre 2018. En cause, des problèmes dans le financement de la ligne électrique ad hoc de 428 kilomètres, ainsi que pour l’acquisition de terrains pour la construire, des responsabilités incombant à l’Etat.

Le projet a bénéficié d’un prêt de 200 millions de dollars (178 millions d’euros) de l’Union européenne et du financement d’un consortium de sociétés européennes et africaines.