L’UE a dévoilé mercredi son plan de bataille sur l’intelligence artificielle et les données afin de rattraper son retard sur les États-Unis et la Chine, et insisté sur les droits des citoyens.
Des voitures connectées à la reconnaissance faciale, ce secteur hautement stratégique est considéré comme la technologie du futur qui va définir notre quotidien.
Consciente d’être passée à côté de la première révolution internet, qui a vu l’émergence des géants américains, comme Google et Facebook, ou chinois tel Tencent, l’UE veut désormais jouer un rôle central dans la définition des règles et la promotion de ses propres champions.
Avec cet objectif en tête, la Commission européenne a présenté son « livre blanc » sur l’intelligence artificielle avec des pistes d’actions.
Après une consultation jusqu’au 19 mai de tous les acteurs –entreprises, syndicats, société civile, les gouvernements des 27 Etats membres -, elle espère faire des propositions législatives à la fin de l’année.
« Nous voulons que l’usage de ces nouvelles technologies soit digne de la confiance de nos citoyens (…) Nous encourageons une approche responsable de l’intelligence artificielle centrée sur l’homme », a déclaré Mme von der Leyen lors d’un point presse.
« L’intelligence artificielle n’est ni bonne ni mauvaise en soi : tout dépend du pourquoi et du comment elle est utilisée », a souligné la vice-présidente de la Commission, Margrethe Vestager.
– Leader des données industrielles –
Bruxelles insiste d’abord sur l’importance du respect des droits fondamentaux des citoyens et met notamment en garde contre des distorsions dans les algorithmes de recrutement conduisant à des résultats discriminatoires.
Les systèmes d’intelligence artificielle à haut risque (la santé par exemple) doivent être certifiés, testés et contrôlés, comme le sont les voitures, les cosmétiques et les jouets, ajoute la Commission.
Sur la reconnaissance faciale de masse –qui réveille l’angoisse d’un « Big Brother » espionnant chacun des mouvements des citoyens–, Bruxelles veut d’abord ouvrir le débat pour déterminer dans quelles circonstances elle peut être autorisée.
« Mon approche n’est pas de rendre l’Europe plus comme la Chine ou les Etats-Unis, mon plan est de rendre l’Europe plus comme elle même », a martelé la Danoise Vestager.
Dans le domaine des données, « le carburant de l’intelligence artificielle » (car c’est grâce à elles que des algorithmes s’entraînent, qu’ils apprennent et déterminent une action), l’UE veut devenir un leader.
« Nous avons tout en Europe pour gagner la bataille des données » industrielles, a souligné le commissaire chargé de l’industrie, le Français Thierry Breton.
L’Europe a certes perdu la guerre des données personnelles, face aux Etats-Unis et à la Chine, mais elle veut remporter celles des données industrielles, qui relient les objets entre eux grâce à l’arrivée de la 5G.
Avec ses grandes entreprises présentes dans tous les secteurs, l’Europe possède une énorme base de données de ce type, un atout considérable que n’ont pas les Américains.
L’objectif de Bruxelles: créer un « marché unique » européen où les données personnelles et non personnelles, y compris celles qui sont confidentielles et sensibles, sont sécurisées et où les entreprises et le secteur public ont facilement accès à d’énormes quantités de données de haute qualité pour créer et innover.
« Ce sera un espace où tous les produits et services basés sur les données respecteront pleinement les règles et les valeurs de l’UE », promet l’exécutif européen.
A l’instar du « Règlement général sur la protection des données (RGPD) », qui renforce le droit des internautes et est désormais cité en exemple aux USA et en Corée du Sud, l’UE veut instaurer de nouveaux standards qui deviennent une référence internationale.