Le départ des élus britanniques provoqué par le Brexit va rebattre les cartes au Parlement européen: il profite à la droite mais affecte les libéraux, les Verts et les socialistes et ces derniers cherchent à rallier des non-inscrits pour reprendre des forces.

Après le divorce, le Parlement comptera 705 élus contre 751, car seulement 27 des 73 sièges laissés vacants par le départ des Britanniques seront redistribués. Les 46 autres seront réservés pour l’arrivée d’un nouvel état membre. A la veille du Brexit, 72 de ces 73 sièges étaient occupés, un eurodéputé ayant préféré Westminster au Parlement européen.

Le groupe du Parti Populaire Européen (PPE) est le grand gagnant du Brexit.

Il ne perd aucun siège car les conservateurs britanniques avaient fait sécession il y a plus de dix ans, en mai 2009, pour former une alliance avec les Tchèques de l’ODS et les Polonais du PiS au sein du groupe anti-fédéraliste et eurosceptique ECR. Mieux, la droite pro-européenne récupère cinq sièges et avec 187 élus confirme être incontournable pour former des majorités.

Le gros des partants appartient au parti du Brexit de Nigel Farage: 27 élus. Mais ils n’avaient trouvé aucun groupe pour les accueillir et leur disparition a pour seul effet de réduire le nombre des non-inscrits, qui tombe de 57 à 31 avec un nouvel entrant. « Personne ne va les regretter », a persiflé l’ancien Premier ministre libéral belge Guy Verhofstadt.

Son groupe, Renew Europe, est le plus touché par le Brexit. Le départ des 17 élus LibDem ramène ses effectifs de 108 à 97, une saignée atténuée par l’appoint de six entrants.

Le groupe libéral-centriste reste la 3e force politique du Parlement, loin derrière les socialistes qui perdent 10 élus travaillistes, mais limitent la casse à 148 élus contre 154 avant le Brexit avec l’arrivée de 4 entrants.

Les Verts perdent sur tous les tableaux: 4e force avant le divorce avec 74 élus, ils tombent à 67 et cèdent leur place à l’extrême droite d’Identité et Démocratie, forte de 76 élus grâce à trois entrants.

Le groupe ECR est la 6e force avec 59 élus et la Gauche Unitaire Européenne (radicale) la 7e avec 40 sièges.

– Catalans et 5 étoiles –

Les 27 entrants sont 5 Français, 5 Espagnols, 3 Italiens, 3 Néerlandais, 2 Irlandais, 1 Polonais, 1 Roumain, 1 Suédois, 1 Autrichien, 1 Croate, 1 Danois, 1 Finlandais, 1 Estonien et 1 Slovaque.

Une quinzaine d’élus non-inscrits sont l’objet de toutes les convoitises. Les Verts sont consultés sur l’opportunité d’accueillir trois élus indépendantistes catalans, dont l’ex-président séparatiste Carles Puigdemont, et les 14 élus italiens du Mouvement 5 étoiles (M5S, anti-système). Mais le groupe est très divisé, a confié à l’AFP son co-président Philippe Lamberts.

« Certains veulent faire feu de tout bois pour redevenir la 4e force, mais d’autres préfèrent attendre. Le groupe va se positionner dans les prochaines semaines », a-t-il assuré

Renew Europe est également tenté d’incorporer les élus du mouvement 5 étoiles, mais cette formation est tout aussi divisée que les Verts, selon une source interne. Guy Verhofstadt avait pris des contacts lors de la précédente législature, mais avait abandonné devant la menace d’une scission.

Les semaines qui suivront le départ des Britanniques pourraient être marquées par d’autres mouvements. Le PPE doit décider le 3 février s’il exclut ou non le parti du Premier ministre Hongrois Viktor Orban pour sanctionner ses violations de l’Etat de droit. Le Fidesz compte 14 élus au parlement européen.

Ses dirigeants voudraient former un nouveau groupe, mais ils ne parviennent pas a trouver d’alliés, a-t-on appris au sein du PPE. Il faut un minimum de 25 élus représentant au moins un quart des Etats membres pour constituer un groupe.