La Russie a bloqué mercredi une deuxième messagerie cryptée, Protonmail, pour tenter de freiner une immense vague d’alertes à la bombe mensongères qui perturbent depuis fin novembre des centaines de services publics.
La messagerie Protonmail, basée en Suisse, est désormais interdite car ses adresses email ont été utilisées pour l’envoi d’alertes mensongères, surtout en janvier, a indiqué le gendarme russe des télécommunications, Roskomnadzor.
Cette mesure fait suite au blocage, le 23 janvier, de Startmail.com, une autre messagerie cryptée ayant permis d’expédier plus de 1.000 fausses alertes à la bombe dans 16 régions du pays, selon les services de sécurité russes (FSB).
Dès le lendemain de ce blocage, de fausses alertes avaient néanmoins été envoyées du service Protonmail, d’après le FSB, entraînant l’évacuation de milliers de personnes.
A Moscou, l’agence Interfax a ainsi comptabilisé 16.000 personnes évacuées lundi d’établissements scolaires, d’hôpitaux, de tribunaux et de stations de métro.
Depuis fin novembre, une gigantesque vague de fausses alertes à la bombe frappe la Russie. Rien que dans la capitale russe, 1,55 million de personnes ont été évacuées depuis cette date, selon Interfax.
Comme Startmail, le service Protonmail a refusé de fournir les données personnelles des auteurs des messages, affirment les autorités russes.
« Même si le gouvernement affirme que nous avons refusé leurs demandes de collaboration, nous n’avons pour le moment reçu aucun message des autorités russes », a réagi Protonmail dans un communiqué envoyé à l’AFP, précisant vouloir lever cette mesure « le plus vite possible ».
Ce blocage « n’empêchera pas les cybercriminels d’envoyer des menaces avec d’autres messageries électroniques et ne sera pas efficace si les auteurs sont en dehors de Russie » ou utilisent un VPN (réseau virtuel privé), ajoute l’entreprise.
Selon Protonmail, l’interdiction « porte uniquement préjudice aux utilisateurs ordinaires ».
Ni le FSB, ni l’agence des télécommunications n’expliquent les motivations éventuelles des auteurs des fausses alertes.
Interfax, citant des sources au sein des autorités russes, affirmait en décembre que ces alertes étaient souvent accompagnées d’une lettre réclamant le règlement de 120 bitcoins (928.766 euros au taux actuel) qui, selon les auteurs, leur auraient été dérobés par le milliardaire russe Konstantin Malofeïev sur la plateforme d’échanges de cryptomonnaies WEX.
L’intéressé, qui figure sur une liste de personnes visées par des sanctions européennes en raison de ses liens supposés avec les combattants pro-russes dans l’est de l’Ukraine, a démenti à plusieurs reprises tout lien avec cette affaire.
Le site WEX, qui n’existe plus, aurait fait disparaître de grandes quantités de monnaies virtuelles, selon les médias russes.
Cette plateforme avait été ouverte après la fermeture par les autorités américaines de la Bourse d’échange de monnaies virtuelles BTC-e, accusée d’avoir participé à des activités d’extorsion en ligne et à d’autres actes de cybercriminalité.