La Russie a lancé avec succès samedi, depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, un télescope d’observation spatiale destiné à remplacer son unique appareil de ce type, dont elle a perdu le contrôle en janvier.

Une fusée porteuse Proton-M a décollé avec succès de Baïkonour en emportant le télescope Spektr-RG, selon des images retransmises sur le site de Roskosmos, l’agence spatiale russe.

Le décollage était à l’origine prévu pour le 21 juin, mais avait dû être reporté après un problème de batterie au 12 juillet, puis finalement à samedi.

Développé en coopération avec l’Allemagne, le Spektr-RG est un observatoire spatial dont le lancement permettra de remplacer le radiotélescope Spektr-R (RadioAstron), surnommé le « Hubble russe », dont Roskosmos avait annoncé avoir perdu le contrôle en janvier.

Spektr-R avait été lancé en 2011 pour observer notamment les trous noirs, les étoiles à neutrons et les champs magnétiques. Son successeur observera l’espace et servira à « compléter la carte du monde », selon Roskosmos.

« L’observation du ciel par le Spektr-RG marquera une nouvelle étape dans l’astronomie par rayons X, dont l’histoire remonte à plus de 55 ans », a indiqué l’agence spatiale russe dans un communiqué, ajoutant que le projet permettrait « l’observation au cours de l’année de pratiquement toute la sphère céleste ».

La mission de recherche du télescope doit durer 6 ans et demi, dont 4 ans de balayage du ciel étoilé et 2 ans et demi d’observation ponctuelle d’objets dans l’univers « sur demande de la communauté scientifique internationale », selon la même source.

La Russie s’attend à la « détection d’environ cent mille amas massifs de galaxies », soit « pratiquement tous les objets du genre dans la partie observable de l’univers », ainsi qu' »environ 3 millions de trous noirs supermassifs » et de nombreux autres objets célestes.

Le Spektr-RG comprend deux télescopes à miroir à rayons X et pèse plus de 2,7 tonnes. Son voyage vers son point de destination prendra environ trois mois, à 1,5 million de kilomètres de la Terre.

Le secteur spatial russe, qui fait historiquement la fierté du pays, a connu une série de revers humiliants ces dernières années, sans que cela ne mine pour autant les grandes ambitions nationales.

Depuis 2011, la Russie est ainsi le seul pays en mesure d’envoyer des équipages vers la Station spatiale internationale. Mais les récents échecs, les scandales de corruption au sein de l’agence spatiale Roskosmos et la concurrence de l’entreprise SpaceX d’Elon Musk mettent en péril cette exclusivité.

Le prochain lancement vers l’ISS est prévu le 20 juillet: il emportera un Américain, un Russe et un Italien.