Le président Adama Barrow a estimé jeudi que la Gambie était sur la voie de la réconciliation et engrangeait des progrès significatifs dans les secteurs de la santé et du tourisme, deux ans et demi après le départ en exil de son prédécesseur Yahya Jammeh.

Parvenu au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 1994, M. Jammeh s’était fait largement élire et réélire jusqu’à sa défaite en décembre 2016 face à Adama Barrow, candidat de l’opposition. Il a finalement quitté le pays pour la Guinée équatoriale en janvier 2017 à la suite d’une intervention militaire et diplomatique régionale.

Depuis janvier, des victimes et d’anciens tortionnaires, ex-membres de la garde présidentielle notamment, avaient défilé devant la Commission vérité et réconciliation (TRRC) instaurée par le nouveau pouvoir.

Leurs témoignages, diffusés en direct à la télévision, ont révélé l’ampleur des crimes – assassinats, tortures, disparitions forcées – commis sous les ordres de Yahya Jammeh dans cette ancienne colonie britannique enclavée dans le Sénégal, à l’exception d’une étroite façade atlantique prisée des touristes.

« Par le biais de la TRRC, les victimes et les familles endeuillées peuvent venir à bout de leurs difficultés ou de la perte des êtres chers, et les criminels se réconcilient avec leurs victimes et avec eux-mêmes », a déclaré M. Barrow lors d’un discours sur l’état de la nation devant l’Assemblée nationale.

« J’appelle tous les Gambiens à se joindre à nous dans le processus en cours d’apaisement, de réconciliation et de reconstruction », a ajouté M. Barrow.

Le chef de l’Etat a été critiqué ces dernières semaines pour avoir conservé à son service, en tant que chef du protocole, un proche de Yahya Jammeh, Alhagie Ceesay.

Celui-ci a été récemment accusé de complicité avec l’ex-président dans le détournement de centaines de millions de dollars de fonds publics. Des ONG ont aussi reproché à Adama Barrow d’avoir nommé en août comme ministre de l’Intérieur un ancien chef de la police de M. Jammeh, Yankuba Sonko.

« Les effets de la démocratie, de la bonne gouvernance et (de l’amélioration) de la situation économique apportés par mon gouvernement ont pénétré l’ensemble de la société gambienne », a assuré le président gambien devant les députés.

Adama Barrow a relevé des « progrès importants » dans le domaine de la santé, notamment dans la réduction de la mortalité infantile, et s’est réjoui d’une forte croissance du tourisme, appelé à se diversifier en misant sur la culture, le sport et l’exploitation du « fort potentiel du fleuve Gambie ».