La police iranienne a annoncé vendredi avoir dispersé « fermement » des manifestants qui protestaient jeudi soir dans la province du Khouzestan (sud-ouest) contre les difficultés économiques.

« Un petit nombre d’habitants de la ville de Behbahan se sont rassemblés à 21H00 (heure locale) jeudi pour protester contre la situation économique », a déclaré le chef de police de cette ville, le colonel Mohammad Azizi, cité par l’agence officielle Irna.

La police a d’abord essayé de parler aux manifestants « mais non seulement ils ne se sont pas dispersés mais ils ont commencé à crier des chants non-conformes », a-t-il ajouté, employant un terme généralement utilisé par les autorités iraniennes pour évoquer des slogans antisystème.

Les forces de sécurité ont alors dispersé la manifestation avec « fermeté », a expliqué le colonel Azizi, précisant que la calme avait été restauré à Behbahan sans victimes ou dommages matériels.

Le colonel n’a pas précisé si des arrestations avaient eu lieu.

Sur les réseaux sociaux, des comptes d’utilisateurs non vérifiés ont publié des photos et vidéos montrant des dizaines de personnes rassemblées dans une rue.

Netblocks, un site qui surveille les coupures internet, a indiqué que l’accès à internet avait été réduit et interrompu pendant environ trois heures dans le Khouzestan au moment de la manifestation.

Le Khouzestan est une région riche en pétrole dont les habitants se plaignent régulièrement d’être négligés.

Frontalière de l’Irak, c’est l’une des rares régions de l’Iran chiite à abriter une importante communauté arabe sunnite.

Le rassemblement à Behbahan intervient quelques jours après que les autorités iraniennes ont procédé à l’exécution de trois personnes impliquées dans les manifestations de novembre 2019.

Déclenchées le 15 novembre dès l’annonce d’une forte hausse du prix de l’essence, en pleine crise économique, elles avaient touché une centaine de villes.

Des postes de police avaient été attaqués, des magasins pillés et des banques et des stations-service incendiées, et les autorités avaient imposé une coupure d’internet d’une semaine.

De nombreux appels avec le hashtag « DontExecute » ont été partagés sur les réseaux sociaux par des utilisateurs réclamant l’arrêt des exécutions dans le pays.

Le colonel Azizi a appelé les Iraniens à « ne pas se laisser influencer par les ennemis du système » voulant « agiter le peuple dans la situation sensible actuelle ».

Les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique iranienne, ont eux annoncé l’arrestation d' »agitateurs » et avoir dispersé « un groupe terroriste » jeudi.

Les « agitateurs » arrêtés dans la ville de Machhad (nord-est) étaient « liés à des groupes antirévolutionnaires » et avaient appelé à des manifestations de rue.

Les Gardiens ont également annoncé l’arrestation de membres des Moudjahidine du peuple (MEK), un groupe d’opposition en exil qualifié de « secte terroriste » par Téhéran, à Chiraz (sud), et avoir empêché une « opération subversive », sans donner plus de précisions.