La police sud-africaine a annoncé lundi une série d’arrestations après une vague de graves incidents survenus lors d’une grève controversée des chauffeurs-routiers du pays, qui dénoncent le recours croissant de leurs employeurs à des étrangers.

Les forces de l’ordre ont interpellé au moins vingt personnes dans la seule province du KwaZulu-Natal (nord-est) après l’incendie de plusieurs camions, a rapporté un porte-parole de la police locale, le brigadier Jay Naicker.

Des routiers en colère ont par ailleurs bloqué des routes autour du Cap (sud-ouest), la deuxième ville du pays, y causant de gigantesques embouteillages, a déploré le ministre provincial des Transports, Bonginkosi Madikizela.

Depuis plus d’un an, la colère monte au sein du secteur routier sud-africain, les chauffeurs nationaux y dénonçant la place prépondérante prise par leurs collègues étrangers, souvent sans-papier et moins bien rémunérés qu’eux.

« Le peuple sud-africain a faim mais il reste à la maison, alors que des entreprises du pays préfèrent employer des étrangers payés moins cher », a déploré lundi la représentante d’un syndicat de routiers, Sipho Zungu.

« Ca fait deux ans que l’on discute avec le gouvernement et les patrons, mais il n’y toujours pas de solution », a-t-elle ajouté.

Clairement dirigée contre les étrangers, cette colère s’est soldée par la mort de dizaines de routiers étrangers depuis le début de l’année dernière, a révélé la semaine dernière un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW).

Après une série d’incidents survenus dimanche au premier jour de la grève, le gouvernement a condamné les « actes de sabotage » et les « éléments criminels responsables des blocages, des incendies, de l’intimidation et des meurtres de chauffeurs ».

Les principaux syndicats du secteur ont condamné les violences et pris leurs distance avec le mouvement.

L’Afrique du Sud est le théâtre régulier de violences xénophobes souvent meurtrières, alimentées par les difficultés de son économie et un taux de chômage record (29%).

Lundi encore, la police a interpellé 41 personnes dans plusieurs quartiers de Johannesburg à la suite de pillages et d’incendies de voitures et de bâtiments visant des étrangers, provoqués par la mort accidentelle de 3 personnes.

Le ministre des Finances Tito Mboweni a déploré ces incidents. « L’expérience montre que les pays ouverts à l’immigrationont une activité économique plus dynamique », a-t-il rappelé.

Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud accueille de nombreux migrants venus de toute l’Afrique australe.