Des milliers de soutiens d’Adama Traoré et de militants écologistes ont défilé samedi à Beaumont-sur-Oise (nord-ouest de Paris) pour marquer le quatrième anniversaire du décès de ce Français noir mort après son arrestation, dans un contexte nouveau de mobilisation contre les violences policières.

Cette marche, qui a réuni environ 2.700 personnes selon les gendarmes, est organisée par le comité Adama, qui veut que la mort de ce jeune noir de 24 ans, le 19 juillet 2016, peu après son arrestation au terme d’une course-poursuite avec les gendarmes, soit qualifiée d' »homicide volontaire ».

Fait inédit, elle a aussi été organisée, pour la première fois, par Alternatiba, une des principales organisations du mouvement pour le climat, au nom d’une lutte commune contre les inégalités.

L’affaire Traoré est récemment revenue sur le devant de la scène en France après la mort aux Etats-Unis de George Floyd, un noir tué par un policier blanc aux Etats-Unis.

« Laissez-nous respirer » ou « Pas de justice, pas de paix » pouvait-on lire sur des banderoles brandies dans la foule qui a commencé à défiler peu après 15H00 (11H00 GMT) depuis la gare de Persan-Beaumont.

« Aucun homme, aucune personne ne doit mourir de cette façon-là, à cet âge-là », a déclaré Assa Traoré, soeur du jeune homme et figure du combat mené depuis des années pour voir « la requalification des faits en homicide volontaire ».

Parmi les manifestants, des proches, des soutiens, des « gilets jaunes », quelques syndicalistes et des militants écologistes.

« La lutte climatique dénonce aussi le système d’oppression et de domination. L’écologie doit être sociale, populaire, solidaire », a expliqué à l’AFP Elodie Nace, porte-parole d’Alternatiba, qui a affrété un bus de 70 places depuis Paris.

Sur le plan judiciaire, les juges d’instruction ont ordonné récemment de nouvelles investigations et une nouvelle expertise à des médecins belges, attendue pour janvier 2021.

Ce dossier a depuis longtemps viré à une bataille de médecins, après une première clôture du dossier fin 2018.

Les deux autopsies et les quatre expertises missionnées par la justice ont jusqu’ici mis en avant des antécédents médicaux – notamment cardiaques et génétiques – pour expliquer ce décès, dédouanant ainsi les gendarmes, qui n’ont pas été mis en examen.

Les deux rapports successifs de quatre médecins choisis par la famille ont au contraire balayé ces conclusions et mis en cause les forces de l’ordre à qui ils reprochent un « plaquage ventral » aux conséquences mortelles, alors que les gendarmes contestent avoir utilisé cette technique.