Le procès de l’historien russe Oleg Sokolov, accusé d’avoir tué et démembré sa compagne, s’est ouvert mardi à Saint-Pétersbourg, une affaire qui a provoqué un débat en Russie sur les violences conjugales et l’impunité de leurs auteurs.

Epidémie de nouveau coronavirus oblige, l’historien est entré portant un masque chirurgical et des gants bleus dans la cage en verre réservée aux accusés. Dans la salle d’audience, les participants avaient également tous le visage couvert.

Reporté à plusieurs reprises à cause de la situation épidémiologique, le procès a pu finalement s’ouvrir mardi sans public. L’intégralité de l’audience est toutefois retransmise en ligne sur un portail de la justice de Saint-Péterbourg.

Professeur d’histoire à l’université d’Etat de Saint-Pétersbourg et spécialiste de Napoléon, Oleg Sokolov avait été arrêté le 10 novembre 2019.

En état d’ébriété, il avait été sorti de la petite rivière Moïka par la police qui avait trouvé dans son sac à dos deux bras de femme et un pistolet d’alarme. D’autres fragments du corps de la victime avaient été retrouvés plus tard dans un autre cours d’eau.

L’historien de 63 ans avait rapidement avoué avoir tué et démembré une de ses anciennes étudiantes, Anastassia Echtchenko, 24 ans, dont il partageait la vie.

Son avocat, Alexandre Potchouev, a évoqué devant la presse pour la première fois une nouvelle ligne de défense, sans apporter de détails: « il y eu des instigateurs dans cette affaire, qui ont empoisonné (l’esprit) de Sokolov pendant une longue période » avant le meurtre.

Très réputée, l’université d’Etat de Saint-Pétersbourg avait aussi été mise en cause pour son inertie alors qu’Oleg Sokolov avait déjà été accusé de violences.

Une étudiante, qui avait eu une liaison avec Oleg Sokolov en 2008, avait déposé une plainte, affirmant qu’il l’avait attachée à une chaise, frappée au visage et avait menacé de la marquer au fer rouge parce qu’elle voulait le quitter, selon les médias russes.

Aucune mesure disciplinaire n’avait pourtant été prise à l’encontre de l’historien.

Cette affaire criminelle a rapidement eu un grand retentissement en Russie, plusieurs associations y ont vu une nouvelle illustration des violences faites aux femmes alors que le pays a décriminalisé en 2017 les violences familiales et conjugales dans la majorité des cas, une réforme soutenue par Vladimir Poutine.

Chaque année, près de 16,5 millions de femmes sont victimes de violences domestiques en Russie, selon des chiffres établis par des militantes avant la pandémie.