L’ex-première dame de Côte d’Ivoire, Simone Gbagbo, a demandé mardi au président ivoirien Alassane Ouattara « d’amnistier » son époux Laurent et de lui délivrer un passeport pour « faciliter la réconciliation » dans son pays, à trois mois de la présidentielle.

L’ex-président Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle à Bruxelles après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), a introduit une demande de passeport pour rentrer en Côte d’Ivoire.

« Je voudrais appeler le Chef de l’État à prendre un décret d’amnistie pour rendre Laurent Gbagbo éligible. Que Laurent Gbagbo, se présente à l’élection présidentielle ou pas, qu’il soit éligible » a déclaré Mme Gbagbo lors d’un point de presse, le premier depuis sa sortie de prison, il ya deux ans.

« Je l’invite à lui délivrer un passeport diplomatique. Il y a droit », a poursuivi Mme Gbagbo, 69 ans, également vice-présidente du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) le parti créé par M. Gbagbo.

Les partisans de l’ancien président ont récemment dénoncé « son absence sur la liste électorale ». Le président de la Commission électorale indépendante (CEI) avait expliqué que toute personne condamnée à une privation de ses droits civiques était rayée des listes électorales.

En novembre 2019, la justice ivoirienne a condamné en appel par contumace M. Gbagbo à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest pendant la crise post-électorale de 2010-2011.

Charles Blé Goudé, l’ex chef des jeunes patriotes, proche de M. Gbagbo, a lui été condamné en décembre 2019 à 20 ans de prison pour des crimes commis pendant cette crise qui avait fait quelque 3.000 morts.

« Les arguments utilisés pour justifier le retrait du nom de Laurent Gbagbo de la liste électorale, sont des arguments juridiques très discutables. D’ailleurs, le procès qui a conduit à cette condamnation est lui-même politique et injustifiable », a réagi Mme Gbagbo, demandant également l’amnistie pour Guillaume Soro, l’ancien président de l’Assemblée nationale en exil en France et de M. Blé Goudé.

Le gouvernement ivoirien a récemment affirmé traiter la demande de passeport de Laurent Gbagbo, dont le retour en Côte d’Ivoire revêt un enjeu politique majeur, à trois mois de l’élection présidentielle. Son parti le FPI, l’exhorte à se présenter au scrutin.

L’ex-président entre 2000 et 2010 a été acquitté par la CPI de crimes contre l’humanité et libéré après sept ans de détention à La Haye. La Cour examine actuellement la demande d’appel de la procureure de la Cour, Fatou Bensouda