Les deux anciens présidents ivoiriens Henri Konan Bédié, aujourd’hui dans l’opposition, et Laurent Gbagbo, qui attend en Belgique une décision de la Cour pénale internationale, se sont rencontrés lundi à Bruxelles pour la première fois depuis 2010, à un an de la présidentielle de 2020.
« Lundi, de 11 h à 13 h, conformément à la tradition africaine, M. Henri Konan Bédié, président du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), accompagné de son épouse, a rendu visite, à Bruxelles, à son jeune frère, M. Laurent Gbagbo, président du FPI (Front populaire ivoirien), son homologue ancien président de la République de Côte d’Ivoire », selon un communiqué commun signé de leurs deux partis.
« Les présidents se sont, particulièrement, réjouis de cette première rencontre, depuis la fin de la crise postélectorale », selon le texte. Celle-ci avait fait plus de 3.000 morts après le refus de Gbagbo d’admettre sa défaite face à l’actuel chef de l’Etat, Alassane Ouattara.
Henri Konan Bédié avait apporté son soutien à Alassane Ouattara contre Laurent Gbagbo au deuxième tour de la présidentiel de 2010. Il a été un allié du président Ouattara, son parti, le PDCI, participant activement à la coalition au pouvoir jusqu’en 2018. Cette coalition a explosé parce que le président Bédié estimait que la coalition devait soutenir un candidat du PDCI en 2020.
Henri Konan Bédé « s’est particulièrement réjoui de l’acquittement du président Laurent Gbagbo et lui a vivement souhaité un retour rapide en Côte d’Ivoire », selon le communiqué.
Acquitté par la Cour pénale internationale, M. Gbagbo est actuellement en liberté conditionnelle à Bruxelles en attendant un éventuel procès en appel.
Les deux anciens chefs d’Etat ont demandé « la libération de tous les prisonniers politiques, civils et militaires, et le retour en sécurité de tous les exilés ».
« Dans le cadre de l’organisation d’élections justes, transparentes et équitables en 2020 », les deux hommes « ont appelé le gouvernement à procéder à une réforme profonde de la Commission électorale indépendante (CEI) afin qu’elle puisse contribuer significativement à la consolidation de la paix sociale en Côte d’Ivoire ».
L’actuelle réforme de la CEI, qui doit être entérinée dans les prochains jours par l’Assemblée nationale, est décriée par l’opposition qui juge qu’elle ne présente pas les garanties d’indépendance suffisantes.
La crédibilité de la CEI est jugée cruciale en vue de la présidentielle de 2020 qui s’annonce tendue, dix ans après la crise post-électorale ivoirienne.