Le parti de l’ex dirigeant politique Charles Blé Goudé a appelé mardi à un « dialogue » politique en Côte d’Ivoire, après sa condamnation la veille à 20 ans de prison par la justice ivoirienne.

« Cette condamnation ne va pas changer grand-chose à la ligne du Cojep (Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples). Cela renforce notre conviction qu’il faut un dialogue, que les forces politiques puissent se parler pour dénouer les conflits, parce qu’il y a des signes inquiétants », a déclaré à l’AFP Aimé-Claude Mambo-Abbé, directeur de la communication du parti.

« Il faut que les Ivoiriens se rassemblent, il faut oeuvrer pour que 2020 ne soit pas la catastrophe annoncée », a-t-il ajouté, faisant référence à l’élection présidentielle prévue en octobre, et au climat politique tendu qui prévaut déjà en Côte d’Ivoire.

Charles Blé Goudé, ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens, mouvement proche de l’ancien président Laurent Gbagbo, a été condamné lundi par contumace par le tribunal criminel d’Abidjan à 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques et 200 millions de francs CFA (300.000 euros) de dommages et intérêts à verser aux victimes.

Il était accusé par la justice ivoirienne d' »actes de torture, homicides volontaires et viol ».

M. Blé Goudé réside à La Haye, aux Pays-Bas, en liberté conditionnelle, après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), dans l’attente d’une décision de la cour sur l’appel formulé par la procureure.

« On a été tous surpris », « nous n’étions pas au courant de la tenue de l’audience », a précisé M. Mambo Abbé.

L’un des avocats de Charles Blé Goudé, Me Suy Bi Gohoré, a déclaré mardi à l’AFP n’avoir « pas été informé » lui non plus de l’audience.

« J’ai eu l’information après la tenue de l’audience, par les réseaux sociaux », a-t-il dit.

« Comment peut-on le juger par contumace ? C’est un procès inéquitable, en violation de la loi. C’est évidemment un procès politique », a estimé l’avocat.

Le procès de M. Blé Goudé devait initialement s’ouvrir le 18 décembre, mais Me Suy Bi avait annoncé avoir déposé un pourvoi en cassation, du fait de l’absence de l’accusé.

Le mouvement des Jeunes patriotes a souvent été qualifié de milice par les détracteurs de Charles Blé Goudé et des ONG internationales, qui considèrent que ce dernier a été l’un des principaux acteurs de la montée de la tension en Côte d’Ivoire dans la décennie 2000. Celle-ci a culminé en 2010-2011 dans les violences post-électorales qui ont fait plus de 3.000 morts.