« Je suis content, heureux. Content, content, content », crie Charles Olivier Agbohoun en fêtant l’annonce de l’acquittement de Laurent Gbagbo l’ancien président ivoirien par la Cour pénale internationale (CPI) jugé pour crimes contre l’humanité.

Cris, danses, concerts de klaxon: Gagnoa (centre), 200.000 habitants, explose de joie à l’annonce de la future libération de son « fils » le plus célèbre.

« Libéré, libéré », crient quelque 200 personnes réunies à l’espace Bon Weli, dont de nombreux enfants, avant de sortir et danser sur un terrain de football mitoyen.

Beaucoup portent des T.shirts avec l’effigie de Laurent Gbagbo mais aussi de son co-accusé Charles Blé Goudé ou de Simone Gbagbo, libérée en août de sa prison ivoirienne après l’amnistie proclamée par le président Alassane Ouattara.

Certains défilent avec une énorme photo de Gbagbo en tenue de président. Une femme nettoie l’image avec son pagne, Charles-Olivier Agbohoun l’embrasse.

« Bon Weli veut dire bonne nouvelle! J’ai embrassé la photo parce qu’il le mérite. Il a passé 7 ans en prison pour rien. Il est libre enfin. Il va revenir », explique Charles-Henri,  au chômage depuis la crise.

« Avec Gbagbo, on va retrouver la paix et le travail. Il va réconcilier la Côte d’Ivoire. On a  dit qu’on irait jusqu’au bout avec Gbagbo, on est au bout! Il doit revenir en Côte d’Ivoire et ici à Gagnoa. C’est chez lui! ».

– ‘On va tous manger’ –

Une femme boit au goulot d’une grande bouteille de bière dont elle verse une partie au sol en signe de joie.

Bertin Sery, qui a assisté à la retransmission télévisée, a le sourire: « Je suis content. Il n’a rien fait de mal et il a fait 7 ans de prison. C’est important qu’il soit libéré c’est notre leader. Sans Gbagbo la paix n’était pas possible ».

Une vieille dame en pagne Elise Gnahoré danse sur le terrain de football. « Je suis contente. C’est notre fils à tous! Il va revenir »

Elle évoque ses souvenirs de la crise électorale de 2010-2011 qui a fait 3.000 morts après le refus de Gbagbo de reconnaitre sa défaite face à l’actuel président Alassane Ouattara, crise qui a conduit Gbagbo devant la CPI.

« Nous, on a dû fuir en brousse à cause de Soro Guillaume (chef de la rébellion et actuel président de l’Assemblée nationale) et Ouattara. c’était dur. J’ai dû couper le cordon ombilical du fils de ma fille avec les dents… Mon petit frère est mort! », dit-elle.

« Maintenant avec Gbagbo, on va tous manger », conclut-elle.

Dans la plupart des cafés et hôtels, des employés et clients regardaient la télévision pour suivre l’annonce.

L’annonce d’une nouvelle audience de la cour mercredi a ensuite semé le doute sur la libération et l’acquittement de Gbagbo et Blé Goudé. On s’interroge, on lit et relit à haute voix les bandeaux rouges des chaînes d’information en continu: « Gbagbo acquitté ».

« Il doit retrouver sa place de président », crie un employé d’un hôtel.

Dans les rues, les voitures klaxonnant, des militants assis sur les portières des véhicules crient leur joie, sous les regards d’un important dispositif policier.

Dans la ville, un des tubes ivoiriens récents de musique zouglou (Magi Diezel) passe en boucle. Le titre: « Allons à Gagnoa », qui chante les louanges de la ville mais dont quelques strophes disent: « Toi même tu sais que je sais que CPI connait! Si je dis pas son nom, le morceau sera pas doux. Koudou Laurent Gbagbo il vient de Gagnoa! »