Andrea Pirlo, jeune joueur, avait été lancé en Serie A par Mircea Lucescu à Brescia. Vingt-cinq ans plus tard, c’est contre son mentor roumain, désormais au Dynamo Kiev, que l’entraîneur novice de la Juventus fait mardi soir ses premiers pas en Ligue des champions.

« J’ai toujours été convaincu qu’il deviendrait entraîneur (…) Quand tu as cette qualité, c’est normal de le devenir », a raconté Lucescu au quotidien sportif Tuttosport, au sujet du joueur qu’il avait lancé en mai 1995, à tout juste 16 ans.

« Je le pensais d’Andrea, comme de Diego Simeone, qui a été l’un de mes joueurs à Pise. Pirlo avait une personnalité différente du +Cholo+ (Simeone) mais il était tout autant charismatique et avec beaucoup de caractère. Surtout, il n’est jamais entré sur un terrain pour ne rien faire, il était décisif », a expliqué l’entraîneur roumain de 75 ans.

De là à briller immédiatement comme entraîneur, sur les traces d’un Pep Guardiola ou d’un Zinédine Zidane? « C’est possible, je le lui souhaite », a répondu le coach du Dynamo Kiev, tout en mettant en garde à la fois son ex-élève et son club qui a tenté un pari osé avec un novice sur le banc: « Un entraîneur a besoin d’au moins six mois pour poser son empreinte sur une équipe. »

– « Besoin de temps » –

 

Pirlo l’a encore répété ce week-end: sa Juventus est encore « en construction » à l’heure d’aborder la Ligue des champions, une compétition où les Bianconeri ont beaucoup à se faire pardonner après leur décevante élimination en huitièmes de finale face à Lyon la saison dernière (0-1, 2-1).

Aux débuts tonitruants en championnat contre la Sampdoria (3-0), ont succédé deux nuls peu convaincants face à l’AS Rome (2-2) puis le promu Crotone (1-1) samedi.

Ces matches, entre recrues arrivées tardivement (Morata, Chiesa), expulsions (Rabiot, Chiesa) et maintenant l’absence de Cristiano Ronaldo pour cause de Covid-19, n’ont pas vraiment permis d’en apprendre beaucoup sur la façon dont évoluera la Juve de Pirlo.

« On est une équipe encore jeune, qui a besoin de travailler. On a besoin de temps », a plaidé samedi Pirlo, qui a certes fait preuve d’audace dans ses choix en titularisant des jeunes pousses mais peine encore à donner du sens à son équipe.

Des idées du « Maestro », on connait surtout pour le moment celles qu’il a mises noir sur blanc dans sa thèse d’entraîneur, validée juste avant le début de la saison.

– Inspiré par Cruyff –

 

L’ex-meneur de la Juve et de l’AC Milan y défendait un « football total et collectif, avec onze joueurs actifs en phase offensive comme défensive ». Et citait, parmi les « équipes qui (l)’ont inspiré », le « Barcelone de Cruyff et celui de Guardiola, l’Ajax de Van Gaal, le Milan d’Ancelotti jusqu’à la Juventus de Conte ».

La ligne est claire: Pirlo sait qu’il lui revient de concrétiser les promesses de beau jeu trop rarement tenues la saison dernière sous les ordres de son prédécesseur Maurizio Sarri.

Histoire de faire prendre à la Juventus le virage offensif dans lequel s’engage peu à peu le foot italien. Sur les traces de l’Atalanta Bergame de Gasperini, meilleure équipe de la Péninsule l’an dernier en Ligue des champions (quarts de finale), ou de la Nazionale de Mancini, revenue dans le jeu international depuis deux ans en gagnant, mais surtout en séduisant avec un jeu basé sur le possession de balle et l’attaque.

Séduire et gagner: le joueur Pirlo savait faire, avec à son palmarès une Coupe du monde, deux Ligues des champions et six championnats d’Italie.

Mais pour l’entraîneur, cela commence à partir de mardi sur la scène européenne, face au Dynamo de Lucescu, mais en pensant aussi déjà au choc contre le FC Barcelone la semaine prochaine.